Alors que la pandémie a gagné presque tout le continent, la Banque mondiale veut soutenir les économies fragilisées à cause du virus. La croissance, la production agricole prendront un sérieux coup, selon l’institution.
La récession en Afrique pourrait être comprise entre 2,1% et 5,1%. C’est ce que prévoit la Banque mondiale dans un rapport rendu public jeudi (09.04.20). Selon cette institution, cette récession est « la première dans la région depuis 25 ans ».
Ce rapport de la Banque mondiale sur l’économie en Afrique est produit de façon semestrielle.
Les auteurs du rapport actuel estiment que la pandémie du nouveau coronavirus met à rude épreuve les économies du monde entier « et les pays africains pourraient être sévèrement touchés ».
Croissance et sécurité alimentaire impactées
La Banque mondiale prévoit une aide de 160 milliards de dollars sur 15 mois pour soutenir la reprise de l’économie. Le produit intérieur brut (PIB) des puissances comme le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Angola, pays pétroliers, vont prendre un coup.
Les autres pays du continent devraient aussi être frappés par cette récession en raison de la « baisse de la croissance », notamment en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est.
L’insécurité alimentaire menace le continent à cause du virus
Selon les prévisions, l’Afrique pourrait subir 37 à 79 milliards de dollars en perte de production agricole. Le tourisme serait lui aussi touché.
La production agricole devrait se contracter entre 2,6%, le scénario le plus optimiste, et 7%. L’économiste Ngueto Tiraina Yambaye en conclut une désorganisation de l’économie des pays africains :
« Cette pandémie a désorganisé les échanges de chaînes de valeurs, ce qui pénalise les exportations des produits de base. Il y a également la réduction des flux des échanges internationaux en ce qui concerne les transferts des fonds des migrants, les investissements directs étrangers, la fuite des capitaux. »
Différents pays africains ont fermé leurs frontières pour éviter l’arrivée des « cas importés » venus d’Europe et d’Asie. « Ce qui veut dire qu’il n’y a pas d’échanges. Et quand il n’y a pas échanges, beaucoup d’économies qui sont dans des situations d’importatrices sont obligées de souffrir », analyse Ablassé Ouédraogo, économiste.
Allègement ou annulation de la dette ?
Selon M. Ouédraogo, ancien directeur général adjoint de l’organisation mondiale du commerce (OMC), la solidarité internationale devrait se mettre en place pour appuyer les pays africains dont les économies sont informelles. « La solution qui s’impose, c’est d’aller vers l’annulation de la dette des pays africains », préconise Ablassé Ouédraogo.
Dans son rapport, la Banque mondiale opte plutôt pour l’allègement de la dette africaine. Selon Ngueto Tiraina Yambaye, chercheur senior à la FERDI, Université Clermont-Auvergne, un moratoire d’une année est indispensable « en attendant que l’Afrique et ces instituions s’asseyent pour réfléchir ensemble sur le mode opératoire durable pour pouvoir relancer l’économie ». Il ajoute que le problème du continent n’est pas le manque d’argent.
Des solutions africaines
La Banque mondiale veut aider à la relance de l’économie à travers un appui financier sur 15 mois de 160 milliards de dollars. Elle ajoute cependant que la magnitude de l’impact de la récession dépendra de la réponse de chaque pays africain. L’institution appelle ainsi à des réponses adaptées à la structure des économies de ces pays.
Ils sont nombreux à avoir pris des mesures qui vont de la suspension de certaines taxes, au moratoire sur le paiement des factures d’eau et d’électricité et à une intervention dans le bail immobilier. « Ce sont des mesures d’urgence », pense Ngueto Tiraina Yambaye. Il prédit une relance des économies africaines après douze mois.
Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en Ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée