Pour la troisième fois depuis le début de la crise anglophone, le président camerounais a décidé de l’abandon des poursuites engagées contre des détenus et leur remise en liberté. La liste des bénéficiaires de cette mesure sera rendue publique ce vendredi 4 octobre.
Le Premier ministre camerounais Joseph Dion Ngute a annoncé la nouvelle jeudi, devant un millier de délégués réunis dans le cadre du « Grand dialogue national » convoqué par le président Paul Biya pour mettre fin à la crise socio-politique qui secoue le Cameroun depuis trois ans. « Le Président de la République a demandé la libération de plus de 330 personnes qui ont été arrêtées à cause des troubles que nous connaissons dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest », a déclaré le chef du gouvernement, avant que le président ne confirme l’information sur son compte Twitter.
J’ai décidé ce jour de l’arrêt des poursuites pendantes devant les Tribunaux Militaires contre 333 personnes arrêtées et détenues, pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Qui sera libéré ?
Plus tard dans la soirée, un communiqué signé par Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République, a été lu à la radio nationale. Le texte précise que cette décision porte sur l’« arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires » et concerne « 333 personnes, toutes arrêtées et détenues pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».À LIRE Cameroun : la question du fédéralisme s’invite au dialogue national
Depuis cette annonce, les responsables du ministère de la Défense s’activent à constituer les listes des bénéficiaires de cette mesure. Selon le porte-parole de l’armée, la liste exhaustive sera rendue publique ce vendredi 4 octobre.
AYUK TABE, PRÉSIDENT AUTOPROCLAMÉ DE L’« AMBAZONIE » CONDAMNÉ À LA PRISON À VIE, NE DEVRAIT PAS ÊTRE LIBÉRÉ
Difficile de savoir si les leaders et activistes séparatistes récemment condamnés seront du nombre. Cependant, selon plusieurs de nos sources, Sisiku Ayuk Tabe, président autoproclamé de l’« Ambazonie » condamné à la prison à vie, ne devrait pas être concerné par la mesure.
Présentée comme « une mesure d’apaisement » du président Paul Biya par Joseph Dion Ngute, l’annonce intervient alors que s’achèvent les travaux du « Grand dialogue national ». Fortement applaudie par les participants à cet événement, la décision a également été saluée par la communauté internationale. Le sous secrétaire d’État américain chargé des Affaires africaines, Tibor Nagy, a notamment salué « un premier pas encourageant vers un dialogue pacifique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».
« Près d’un millier de personnes étaient détenues fin juillet dans le cadre de la crise anglophone. Elles sont incarcérées dans les prisons de Mamfé, Bamenda, Douala et Bafoussam, ainsi que dans plusieurs centres de détention de Yaoundé – Kondengui, Secrétariat d’État à la Défense, et Direction générale de la recherche extérieure », précise l’activiste Agbor Balla, directeur du Centre de recherche sur la démocratie et les droits de l’Homme en Afrique (CRDHA).
La libération ds quelques 700 détenus de la crise anglophone qui ne seront pas concernés par la mesure annoncée par Paul Biya pourrait faire partie des résolutions qui seront prises à l’issue du du dialogue national, qui s’achève ce vendredi.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-exaucée