Face à la situation sanitaire en Inde, les autorités ont stoppé les exportations. L’Afrique cherche des solutions.
L’Afrique est une nouvelle fois pénalisée dans l’administration des vaccins contre la Covid-19. Alors qu’elle fournit près de 90% des doses d’AstraZeneca destinées aux pays en développement, l’Inde a en effet annoncé récemment qu’elle bloquait toute exportation de vaccins produits sur son territoire. Face à la situation dramatique sur place, les autorités choisissent de favoriser leur population.
Le problème de la deuxième dose
Depuis le début de la pandémie, l’Afrique compte beaucoup sur le système Covax pour vacciner. Il s’agit d’un système international mis en place pour garantir une distribution équitable des vaccins dans le monde, et fournir les pays les plus pauvres. La quasi-totalité des doses devait justement venir d’Inde. Certaines sont arrivées, permettant de faire la première des deux injections nécessaires avec AstraZeneca, qui est quasiment le seul vaccin sur lequel reposait jusqu’à présent le système Covax.
Mais tout est désormais bloqué. « La plupart des pays attendaient des seconds lots fin mars, début avril », explique, la directive exécutive de l’ONG Centre africain de recherche sur la population et la santé (APHRC), Catherine Kyobutungi. « Mais ils n’ont reçu qu’un seul lot de vaccins et ils ont dû très rapidement continuer à ajuster leur plan de vaccination. Ainsi, jusqu’à présent, on ne sait pas exactement quand le deuxième lot de vaccins va arriver ».
Des dizaines de millions de livraisons en suspens
Selon les recherches de la DW, plus de vingt pays sur le continent au moins sont donc désormais bloqués dans leur campagne de vaccination. 114 millions de doses de vaccins devaient arriver via le système Covax avant fin avril. 24 millions seulement ont été livrées. Pour faire face, Covax a commandé en urgence 500 millions de doses du vaccin Moderna en début de semaine.
Des discussions sont aussi en cours avec l’Inde pour qu’elle livre tout de même une partie au moins des doses AstraZeneca prévues. Et certaines vaccinations peuvent aussi être retardées de plusieurs semaines, sans que cela mette en péril l’efficacité des vaccins. « Je ne dirais donc pas que c’est un désastre cette situation, parce qu’il y a d’autres vaccins sur le marché », tempère ainsi, le directeur adjoint des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies, Ahmed Ogwell. « C’est juste un peu de retard. Mais cela pourrait tout de même avoir un effet significatif. En plus, la transmission du virus continue sur le continent. Mais ces effets ne pourront peut-être pas être mesurés avant plusieurs mois ».
Des commandes Johnson & Johnson
Face à l’incertitude, et en attendant d’autres livraisons de Covax, le Centre de prévention et de contrôle des maladies de l’Union africaine a aussi contacté des fabricants directement. Johnson & Johnson a promis le mois dernier 400 millions de doses. Il s’agit d’un vaccin avec une seule injection nécessaire, ce qui est un avantage. Mais les premières livraisons ne devraient pas se faire avant le troisième trimestre cette année.
Au total dans le monde, 1,16 milliards de doses ont jusqu’à présent été injectées, selon un décompte de l’Agence France Presse. 0,2% seulement l’ont été dans les 29 pays les plus pauvres, y compris en Afrique.