Les contestataires reprochent à cette nouvelle loi de brader le pays aux multinationales étrangères.
« Traîtres, vous avez vendu le pays ». C’est derrière ce slogan que plus d’un millier de personnes ont manifesté, dimanche 13 octobre à Alger, contre une loi sur les hydrocarbures, examinée dans la journée par le conseil des ministres. Les contestataires reprochent à cette nouvelle loi de brader le pays aux multinationales étrangères.
Si la loi « passe, alors il faudra publier le nom de tous les députés qui l’auront votée pour les juger quand le pays aura retrouvé sa souveraineté », a tonné dimanche Mohamed, un manifestant d’une cinquantaine d’années sous les applaudissements de la foule, regroupée non loin de la Chambre basse du Parlement. Dans l’après-midi, les accès au bâtiment ont été bloqués par des fourgons de police et des policiers antiémeutes.
Ces protestations n’ont pas empêché le gouvernement d’adopter ensuite le projet de loi en conseil des ministres, selon un communiqué de la présidence de la République.
Plus de pouvoir aux compagnies pétrolières
Vivement discuté dans les médias depuis plusieurs semaines, le contenu du projet de loi n’a pas encore fait l’objet d’une publication officielle. La semaine dernière, le ministre de l’énergie algérien, Mohamed Arkab, cité par l’agence officielle APS, a évoqué des discussions avec des « grandes compagnies ». Lors de ces échanges. « Nous avons pu relever deux aspects à améliorer dans l’actuelle loi sur les hydrocarbures », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
L’Algérie produit 1,2 million de barils de pétrole par jour. Les hydrocarbures représentent plus de 95 % de ses recettes extérieures, et contribuent pour 60 % au budget de l’Etat. « L’Etat va donner au concessionnaire une parcelle de terrain sur laquelle tout ce qu’il y découvrira, lui appartiendra », explique le consultant Hocine Malti, ancien vice-président du groupe pétrolier public Sonatrach. Le concessionnaire « deviendra donc propriétaire des réserves que contient le gisement et non pas des quantités produites uniquement », explique-t-il.
Ali Kefaifi, ancien responsable au sein du ministère de l’énergie, abonde dans le même sens : la société étrangère pourra considérer le pétrole comme sa propriété. Et « le remboursement des coûts et le partage des profits seront sous le contrôle direct de la société pétrolière concessionnaire », assure-t-il.
Des manifestations ont aussi eu lieu dans d’autres villes du pays, selon les médias algériens. L’Algérie est secouée depuis le 22 février par un puissant mouvement de contestation qui a poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission en avril, après 20 ans à la tête de l’Etat, et se poursuit avec des manifestations chaque mardi et vendredi, en réclamant le départ de l’ensemble du « système ».
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-exaucée