La police ougandaise a annoncé, jeudi 18 novembre, avoir abattu cinq suspects et arrêté 21 personnes dans le cadre de l’enquête sur un récent double attentat suicide revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) et qui a tué quatre personnes à Kampala. Perpétrés par trois kamikazes, les deux attentats ont eu lieu à deux minutes d’intervalle mardi matin, d’abord à un check-point près du quartier général de la police, puis à proximité du Parlement, dans le quartier d’affaires de la capitale.
La police a attribué ces deux attaques à un « groupe local lié aux ADF », les Forces démocratiques alliées, une rébellion née en Ouganda et active depuis vingt-cinq ans dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine. Elles ont été revendiquées par l’EI, qui désigne les ADF comme sa « province d’Afrique centrale » (Iscap en anglais). En mars, les Etats-Unis ont officiellement déclaré les ADF affiliés à l’EI.
Jeudi, au cours d’une fusillade dans l’ouest de l’Ouganda, des agents du contre-terrorisme ont tué « quatre suspects à Ntoroko, d’où ils retournaient en RDC », a indiqué à la presse le porte-parole de la police, Fred Enanga. Un cinquième homme, Sheikh Abas Muhamed Kirevu, a été tué près de la capitale en tentant d’échapper à son arrestation, a-t-il ajouté, l’identifiant comme un chef musulman local « responsable du réveil des cellules terroristes à Kampala ». La police a en outre arrêté 21 suspects, « des agents opérationnels, des coordinateurs et des argentiers d’activités terroristes », a poursuivi M. Enanga.
« Les ADF se refocalisent sur l’Ouganda »
Le double attentat de mardi est intervenu trois semaines après deux autres attaques : un attentat à la bombe contre un restaurant de la capitale, le 23 octobre, revendiqué par l’Iscap ; et un attentat-suicide dans un bus près de Kampala deux jours plus tard et non revendiqué.
La police avait indiqué fin octobre avoir arrêté « un certain nombre » de membres présumés des ADF après ces attaques, soupçonnant le groupe de « préparer un attentat sérieux contre des infrastructures importantes ». Les ADF sont considérés par les experts comme le plus meurtrier des quelque 120 groupes armés qui arpentent l’est de la RDC, beaucoup d’entre eux étant le produit de deux guerres régionales menées il y a un quart de siècle.
Ce groupe rebelle est accusé d’avoir tué des milliers de civils dans l’est de la RDC. Selon Kristof Titeca, un universitaire spécialiste du groupe, « il est de plus en plus clair que les ADF se refocalisent sur l’Ouganda ».
Source: Le Monde Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée