Alors que président John Magufuli brigue un second mandat, la commission électorale a suspendu pour sept jours la campagne de son principal adversaire, Tundu Lissu.
Les autorités tanzaniennes ont accru leur répression des opposants politiques, utilisant de façon partisane un important arsenal législatif pour entraver leurs tentatives de faire campagne à l’approche des élections générales du 28 octobre, a dénoncé, lundi 12 octobre, Amnesty International. Chevalier anticorruption pour ses partisans, le président John Magufuli, accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire et d’avoir restreint les libertés publiques depuis son élection en 2015, brigue un second mandat.
Le gouvernement de M. Magufuli « s’est doté d’un formidable arsenal de lois pour entraver toute forme de dissidence et limiter efficacement la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique à l’approche des élections », explique Amnesty dans un nouveau rapport. « La Tanzanie a instrumentalisé la loi à un point tel que personne ne sait réellement quand il est du côté de la légalité ou de l’illégalité », souligne Deprose Muchena, directeur d’Amnesty pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, citant des législations sur les réunions politiques, la presse, le militantisme en ligne ou les ONG.
« Enlèvements et passages à tabac »
Début octobre, la commission électorale a suspendu pour sept jours la campagne du principal adversaire du président Magufuli, Tundu Lissu, membre du parti d’opposition Chadema, pour cause de « propos séditieux » et d’« accusations infondées » violant les lois électorales. Selon Amnesty, la police a également « fait appliquer de façon sélective et partisane la loi sur les réunions publiques » afin d’empêcher l’opposition de se rassembler et de tenir des meetings, pendant que le parti au pouvoir, le CCM, a toute latitude pour organiser des rassemblements similaires. Amnesty qualifie cette situation de « signe extrêmement inquiétant et malsain ».
M. Lissu est récemment rentré de trois ans de soins et de convalescence en Belgique, où il a été soigné après avoir été blessé de seize balles lors d’une tentative d’assassinat en Tanzanie en 2017. Amnesty qualifie d’« avancée positive » son retour en Tanzanie – autrefois considérée comme un havre de stabilité en Afrique de l’Est – pour se présenter à la présidentielle. « Néanmoins, à l’approche des élections, les opposants continuent de faire état d’agressions physiques, parmi lesquelles des enlèvements et passages à tabac qui n’ont pas fait l’objet d’enquêtes rigoureuses, impartiales et efficaces », estime l’ONG.
Les autorités ont également suspendu des médias sur la base de lois répressives et vagues et requièrent depuis août que les journalistes étrangers soient accompagnés d’un chaperon gouvernemental, selon Amnesty, Les électeurs tanzaniens choisiront aussi leurs députés et conseillers locaux lors du scrutin du 28 octobre.
Source: Le Monde Afrique/ Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée