Le mandat des conseillers départementaux et municipaux élus en 2014 devait se terminer au cours de cette année. Mais le gouvernement sénégalais a décidé de rallonger la durée de leur mission. D’abord prévues en juin, puis en décembre 2019, les élections locales qui devaient conduire à leur renouvellement sont à nouveau reportées, fruit d’un consensus de la classe politique. Pour les dernières élections avant la présidentielle de 2024, la question des modalités d’organisation et de participation fait encore débat
C’est un petit entrefilet glissé dans le communiqué-fleuve du Conseil des ministres du 16 octobre dernier qui confirme ce à quoi tout le monde s’attendait. « Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :le projet de loi portant report des élections prévues le 1er décembre 2019 et prorogation du mandat des conseillers départementaux et municipaux […] », annonce le texte publié le lendemain sur lesite de la présidence sénégalaise.
Deux reports en moins d’un an
En moins d’un an, c’est le second report de cette échéance électorale. Les élections locales avaient d’abord étaient prévues le 23 juin, avant d’être reportées au 1er décembre 2019. A l’époque en pleine campagne pour la présidentielle de février, Macky Sall avait justifié ce report, entres autres, par des chevauchements dans le calendrier électoral entre les investitures pour les locales avec la campagne pour la présidentielle, la prestation de serment du président élu.
Entre temps, le président sénégalais avait ouvert les consultations pour un dialogue politique national, une sorte de grande conférence pour apaiser un front social et politique déjà échaudé par la polémique sur les parrainages. « A l’issue de sa réunion du mardi 16 juillet 2019, la Commission politique du Dialogue national, considérant l’importance des thèmes à aborder avant les élections locales prévues le 1er décembre 2019, a, au terme de ses débats, constaté un consensus fort sur la nécessité de reporter lesdites élections », avait fini par conclure la commission politique de la conférence.
Pour l’heure, aucune nouvelle date n’est encore annoncée, mais les élections devraient probablement avoir lieu en milieu, voire fin 2020. Le projet de loi devrait encore arpenter les allées de l’Assemblée nationale où il devrait recueillir l’aval des députés pour être appliqué. Cela ne devrait être qu’une formalité puisque la coalition Benno Bokk Yakkar (au pouvoir) est largement majoritaire au sein de l’Hémicycle. Le mandat des élus locaux devrait donc être prorogé si le texte passe.
Doléances de l’opposition
Pour prendre les devants, Macky Sall a rencontré le 10 octobre dernier les élus locaux qui lui ont remis un mémorandum. Dernières élections avant la présidentielle 2024, les locales 2020 constituent une répétition générale pour l’échiquier politique. Mais avant l’échéance, il faudra prendre en compte quelques doléances de l’opposition. Le retour du parrainage (1% à 5% selon la localité à laquelle l’on se présente) en constitue la première pomme de discorde. Il y a ensuite le coût de la caution : 10 millions de francs CFA pour chaque liste de candidatures, le double, si la liste se présente aux municipales et aux départementales.
Si le pouvoir explique ces mesures par le besoin de limiter le nombre de candidats, aux municipales de 2014, plus de 2700 listes avaient été enregistrées. Avec l’ouverture des élections aux candidatures indépendantes, l’argument a de quoi faire mouche. En face, l’opposition a rejeté en bloc ces mesures jugées « restrictives», destinées selon elle à faire la part belle au pouvoir de Macky Sall. D’un côté comme de l’autre, l’on s’attend à trouver un consensus pour ces élections cruciales pour tester les poids des uns et des autres
Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée