Libéré le 2 juillet, l’opposant est toujours poursuivi pour « atteinte au moral de l’armée » et doit être jugé en septembre.
L’opposant algérien Karim Tabbou, figure emblématique du mouvement populaire du Hirak,opposé au régime antirégime, a plaidé, lundi soir 6 juillet, en faveur de la libération des détenus en Algérie et d’un « vrai processus politique ».
« La meilleure façon de faire le printemps, c’est de sortir tous les oiseaux des cages », a-t-il affirmé, en faisant allusion aux prisonniers du Hirak, dans un long entretien à la station Berbère Télévision, sa première interview depuis qu’il a recouvré la liberté le 2 juillet. « Le pouvoir veut nous mettre dans des cages, c’est le piège. Tant que les gens chantent dans les cages, ça ne le dérange pas », a expliqué l’opposant, en exhortant à « casser les cages » pour faire « le vrai printemps ».
Après neuf mois de détention, Karim Tabbou a bénéficié d’une libération conditionnelle ainsi que trois autres militants connus, une mesure considérée comme un geste d’apaisement de la part du pouvoir.
« La prison est une usine à transformer la colère en énergie politique », a-t-il témoigné, entouré de sa famille, en évoquant son incarcération, la machine judiciaire, le Hirak, la solidarité et le pacifisme du peuple algérien, « sa » famille. « Quand tu te sens humilié, enfermé dans une cage de deux mètres carrés, tu as le temps de réfléchir, a-t-il ajouté. C’est une nécessité historique que (…) d’aller vers un vrai processus politique qui permette d’aller de l’avant. »
« Unis, pacifiques et déterminés »
Pour ce faire, il a invité les Algériens à rester « unis, pacifiques, déterminés, civilisés et organisés », en assurant que « rien ne nous fait renoncer à nos principes ».
Emprisonné depuis le 26 septembre 2019, Karim Tabbou avait été condamné en appel le 24 mars à un an de prison ferme pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ».
Il est par ailleurs poursuivi pour « atteinte au moral de l’armée » dans le cadre d’une autre affaire, dont le procès a été reporté au 14 septembre.
Karim Tabbou est porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS).
Né d’un immense ras-le-bol des Algériens en février 2019, le Hirak réclame depuis un changement du « système » en place depuis l’indépendance du pays, en 1962. En vain jusqu’à présent, même s’il a obtenu en avril 2019 le départ du président Abdelaziz Bouteflika après vingt ans de règne. A l’exception de la période de confinement, les manifestants du Hirak sont descendus dans la rue tous les mardis et vendredis depuis le début du mouvement pour manifester pacifiquement.
Source: Le Monde Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée