Opposés depuis deux semaines dans un conflit militaire, le gouvernement éthiopien et les autorités de la région dissidente du Tigré ont chacun revendiqué, mercredi, d’importantes victoires militaires.
Les deux camps qui s’opposent depuis deux semaines dans le nord de l’Éthiopie – le gouvernement éthiopien et les autorités de la région dissidente du Tigré – ont revendiqué, mercredi 18 novembre, d’importantes victoires militaires.
Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a envoyé le 4 novembre l’armée fédérale à l’assaut du Tigré, région du nord de l’Éthiopie, après des mois de tensions avec les autorités du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF).
« L’armée gagne sur tous les fronts », a affirmé mercredi Berhanu Jula, le chef de l’armée éthiopienne. « Le plan du TPLF de pousser l’Éthiopie vers une guerre civile et de la désintégrer a échoué et [le TPLF] est actuellement aux abois car il est cerné », a-t-il ajouté.
Le gouvernement a notamment affirmé contrôler mardi soir plusieurs villes de l’est du Tigré, notamment Mehoni, située à 125 km au sud de la capitale régionale Mekele, vers laquelle son armée était « en train d’avancer ».
Il a également indiqué mardi soir avoir pris Shire, une localité du Nord abritant des camps de réfugiés érythréens, et « avancer » vers Aksoum, haut lieu de la religion éthiopienne orthodoxe.
« Repousser les envahisseurs »
De leur côté, les forces tigréennes ont également revendiqué des victoires militaires, sans donner de précisions géographiques.
« Nous infligeons de lourdes défaites sur tous les fronts à la force qui est venue nous attaquer », a dit le président du Tigré, Debretsion Gebremichael, dans un communiqué. « J’appelle tous les Tigréens à sortir en masse pour repousser les envahisseurs et pour continuer à infliger de lourdes pertes et défaites à l’ennemi », a-t-il ajouté.
Au sol, les combats ont fait plusieurs centaines de morts et déjà poussé 36 000 personnes à fuir vers le Soudan voisin.
Au Tigré, la branche éthiopienne de la Croix-Rouge a « transporté des centaines de personnes blessées dans les zones touchées par des combats », indique le Comité international de la Croix-Rouge. Le CICR ajoute que les hôpitaux du Tigré et de l’Amhara, région frontalière située au sud, ont « urgemment besoin » de lits supplémentaires.
Menace pour la stabilité régionale
La communauté internationale s’inquiète également des conséquences sur la stabilité de la Corne de l’Afrique de ce conflit qui menace de s’étendre à travers l’Éthiopie et au-delà.
Après avoir visé deux aéroports en territoire amhara, le TPLF a tiré samedi des roquettes sur la capitale de l’Érythrée voisine. Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, y a vu une tentative des autorités tigréennes de « déstabiliser la région ».
Addis Abeba a affirmé mardi entrer dans la phase « finale » de cette opération militaire. Le même jour, le ministre de la Défense, Kenea Yadeta, a déclaré qu’elle se terminerait « probablement dans moins de 10 à 15 jours », dans une interview à la radio-télévision allemande Deutsche Welle.
Mais selon des sources diplomatiques, il est loin d’être évident que les forces fédérales parviennent à défaire rapidement le TPLF, qui possède d’importants équipements militaires et compterait quelque 250 000 soldats (force paramilitaire et milice) bien entraînés à ces terrains montagneux.
Source: France 24/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée