Les rebelles de la région éthiopienne du Tigré ont affirmé mardi 25 janvier avoir été « obligés » de reprendre les combats dans la région voisine de l’Afar, quelques semaines après un repli dans leur fief qui avait suscité des espoirs de paix.
« Depuis hier matin [24 janvier], nous avons été obligés de prendre des mesures fortes pour neutraliser la menace posée par » des forces progouvernementales en Afar, a déclaré dans un communiqué le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui combat l’armée éthiopienne depuis plus de quatorze mois. « L’armée du Tigré n’a pas l’intention de rester longtemps en Afar ni ne veut voir le conflit se détériorer encore plus », ajoute le texte.
Le premier ministre Abiy Ahmed a envoyé en novembre 2020 l’armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales, issues du TPLF. En 2021, les combats se sont étendus aux régions voisines de l’Amhara et de l’Afar, se rapprochant d’Addis-Abeba.
En décembre, les rebelles ont annoncé leur retrait de ces deux régions et leur repli vers le Tigré, après une offensive des forces gouvernementales. Ce repli avait suscité l’espoir d’avancées concrètes vers la fin des combats, après la mort de plusieurs milliers de personnes et l’enlisement d’une profonde crise humanitaire.
Aide humanitaire bloquée
Mais dans son communiqué de mardi, le TPLF affirme que des forces gouvernementales basées en Afar ont intensifié des attaques contre ses positions ces derniers jours. Les rebelles ajoutent que l’objectif apparent de ces attaques était d’« entraver les opérations humanitaires » et de déclencher une « crise sécuritaire grave » dans la capitale tigréenne Mekele, située à quelque 50 kilomètres de la frontière avec l’Afar.
Après le repli tigréen, Addis-Abeba avait annoncé qu’elle ne poursuivrait pas les rebelles à l’intérieur de la région. Cette dernière a cependant été touchée par des frappes aériennes, notamment de drones, ces dernières semaines, selon des habitants et des travailleurs humanitaires.
Lundi soir, le porte-parole du gouvernement, Legesse Tulu, a affirmé que les rebelles avaient « attaqué » plusieurs sites, dont la ville d’Abala située à la frontière entre les deux régions, « coupant le principal axe pour l’aide humanitaire ». Il a également déclaré que des dizaines de milliers de personnes avaient été déplacées ces derniers jours et qu’il n’y avait « pas de forces gouvernementales dans la zone ».
Le TPLF a affirmé mardi combattre une entité nommée « Force Afar de la mer Rouge » ainsi que des soldats érythréens, alliés à Addis-Abeba depuis le début du conflit.
La route menant de la capitale afar Semera à la capitale tigréenne Mekele constitue actuellement le seul accès vers le Tigré, où des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions proches de la famine selon l’ONU. Mardi, des sources humanitaires ont affirmé que des camions transportant de l’aide alimentaire étaient bloqués à un poste de contrôle en Afar.
La semaine dernière, l’ONU a déclaré que les distributions alimentaires avaient atteint le plus bas niveau jamais vu au Tigré. L’AFP a enquêté en septembre sur des morts résultant de la famine. En novembre, les anciennes autorités tigréennes ont affirmé que près de 200 enfants étaient morts de faim dans des hôpitaux à travers la région.
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée