Le vote a été tenu sur fond de polémique. Certains pensent qu’il a été organisé en violation du règlement intérieur de l’Assemblée nationale alors que d’autres soutiennent le contraire.
Par le vote de censure, le président Félix Tshisekedi consolide ainsi la nouvelle majorité parlementaire d' »Union sacrée de la nation » qu’il souhaite mettre en place pour soutenir sa politique de réformes. Et cela est diversement apprécié à Kinshasa mais aussi à Lubumbashi.
Si pour les proches du président Félix Tshisekedi, le bureau d’âge avait bel et bien le pouvoir d’organiser le vote, pour les membres de la coalition, le Front commun pour le Congo, c’était coup d’état institutionnel.
C’est ce qu’estime d’ailleurs, Floribert Konzi député national encore fidèle au FCC. Il avait tout comme le premier ministre, boycotté la séance plénière qui a acté la déchéance du gouvernement d’Ilunga Ilunkamba.
« C’est une honte ce qui s’est passé. La motion ne devrait pas être traitée par le bureau d’âge puisque le bureau d’âge, au regard du règlement intérieur, même de l’arrêt de la cour constitutionnelle (sur demande de Mboso, le président du bureau d’âge), les sujets à traiter par ce bureau sont limités en session extraordinaire. Y avait-il urgence ? Non. Ce sont des calculs politiciens, c’est un coup d’état institutionnel. Ça ouvre un boulevard pour la confrontation entre l’Assemblée nationale et le gouvernement. Et suivez mon regard, nous pouvons aller tout droit à la dissolution de l’Assemblée », prévient le député FCC.
Une procédure légale selon l’Union sacrée de la Nation
Le premier ministre sortant, Ilunga Ilunkamba, a dénoncé une manœuvre politicienne sans fondement factuel au mépris des exigences de l’Etat de droit, dans une réponse écrite à la motion de censure envoyée au président du bureau provisoire de l’Assemblée nationale.
Pour le premier ministre sortant, le bureau provisoire n’est compétent que pour la gestion des affaires courantes et non pour l’examen d’une motion de censure.
Mais pour les proches de Félix Tshisekedi, le gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba fait désormais partie du passé.
Ewing Yanda, jeune activiste politique membre de « Envol ». Le président de ce parti a été l’un des premiers responsables politiques à adhérer à l’Union sacrée.
« Triste est de voir que le premier ministre a délibérément refusé de démissionner pour des fins mesquines. Et ceci est un comportement qui n’est pas digne à d’un homme d’Etat. Nous saluons donc cette déchéance. A-t-elle été faite dans les normes ou pas ? La cour constitutionnelle qui siège en dernier ressort a donné les prérogatives notamment du contrôle parlementaire au bureau d’âge de l’Assemblée nationale. C’est un fait. Le premier ministre n’est pas redevable devant le bureau d’âge, mais devant l’Assemblée nationale réunie en plénière. Cette plénière est faite de 500 députés nationaux et sur les 500 députés nationaux, 367 ont voté pour le départ du premier ministre et son gouvernement. C’est tout à fait logique que le premier ministre puisse démissionner dans les 24 heures conformément à notre constitution », a fait savoir l’activiste, Ewing Yanda.
Sylvestre Ilunga Ilunkamba a en théorie 24 heures pour présenter sa démission au président, Félix Tshisekedi, mais le chef du gouvernement a déjà fait savoir ne se tenir qu’à la disposition du bureau définitif de l’Assemblée nationale.
Source : Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée