Critiqué pour sa faiblesse, le projet de budget 2020 s’achemine vers une refonte avant d’arriver à l’Assemblée nationale. Le gouvernement confirme en parallèle qu’il va négocier un nouveau programme d’aide avec le Fonds monétaire international.
Le gouvernement congolais s’est engagé à revoir sa copie. Face à la virulente levée de bouclier de l’opposition, de l’opinion et aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement de Sylvestre Ilunga Ilunkamba est prêt à amender le projet de loi de finances 2020 qu’il a approuvé le 27 septembre dernier.
Une source au ministère des Finances a confié à Jeune Afrique : « Le budget est toujours en élaboration au niveau du gouvernement. Le prochain conseil des ministres sera déterminant. Et je crois que nous allons revoir à la hausse les prévisions… » Le message des opposants à ce texte a donc été bien reçu, quitte à retarder davantage la transmission du projet de loi à l’Assemblée nationale, au plus tard « avant la fin du mois [d’octobre] », précise cette même source. Initialement, le texte devait être transmis aux députés pour le 15 septembre.
Annoncé à 7 milliards de dollars, ce budget avait suscité de vives critiques tant au sein de la classe politique que de la société civile, qui le jugent sous-dimensionné au regard des promesses du président Félix Tshisekedi. Et surtout insuffisant par rapport aux besoins du pays, qui a devant lui d’innombrables réformes à mener.
Le FMI attendu au chevet de la RDC d’ici 6 mois
Pour accroître sa marge de manœuvre, la République démocratique du Congo a néanmoins besoin de l’appui de partenaires extérieurs. Fin septembre, le président s’est ainsi rendu en Belgique où il a notamment rencontré une centaine d’entrepreneurs avec la Fédération des entreprises belges (FEB). Une visite historique, qui tranche avec l’ère Kabila, durant laquelle les relations entre les deux pays avaient été mises à mal.
Avec les bailleurs de fonds, les autorités congolaises ont également précisé la semaine dernière qu’elles allaient négocier un nouveau programme d’aide avec le FMI. Selon elles, un accord pourrait être signé au cours des prochains mois. « Le FMI examinera dans un délai de six mois un programme à court terme avec le gouvernement », ont-elles indiqué dans un compte-rendu.
Bientôt une émission obligataire
En juin dernier, l’institution de Bretton Woods a mené une mission sur place. Elle a indiqué qu’elle prévoyait pour cette année un ralentissement de la croissance du PIB du pays à 4,3 %, contre 5,8 % l’année précédente. Car selon les pronostics de l’institut, « le secteur minier ne va pas croître », alors que « dans le secteur non minier nous prévoyons un doublement de la croissance ». Mais la croissance restera peu inclusive socialement.
Philippe Egoumé, représentant du FMI, avait par ailleurs estimé que les recettes fiscales étaient relativement faibles, « de l’ordre de 9 à 10 % du PIB, ce qui est plusieurs points en deçà de la moyenne de l’Afrique subsaharienne ». Et il avait également déploré la collecte de ces recettes fiscales : « Il y a des recettes qui vont dans des entités publiques ou des services publics. C’est mieux d’avoir les recettes versées au Trésor ».
À ce sujet, le gouvernement congolais réfléchit au financement monétaire et ce, en vue d’éponger le déficit du Trésor public. Une réunion se serait tenue auprès du Premier ministre, afin d’étudier les conditions de lancement d’une prochaine émission obligataire par la Banque centrale du Congo. L’objectif serait de lever 150 milliards de francs congolais (80 millions d’euros).
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-exaucée