Les opérations humanitaires dans la région éthiopienne du Tigré, plongée depuis quinze mois dans une sanglante guerre civile, ont été quasi interrompues par les pénuries de carburant et de liquidités, a alerté, jeudi 10 février, une agence de l’ONU.
Le conflit opposant les forces gouvernementales éthiopiennes aux rebelles du Tigré a fait des milliers de morts et, selon les Nations unies, a conduit des centaines de milliers de personnes au bord de la famine.
Région de six millions d’habitants, le Tigré est soumis depuis six mois à ce que l’ONU qualifie de « blocus de facto de l’aide humanitaire ». Washington accuse le gouvernement de bloquer la distribution de l’aide, tandis qu’Addis-Abeba impute la situation aux incursions des rebelles.
Les livraisons d’aide à destination du Tigré ont été « largement réduites ou suspendues, y compris les distributions essentielles de nourriture, d’eau, de services de santé », écrit le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) dans un communiqué diffusé jeudi.
En outre, l’agence souligne qu’aucune livraison de carburant n’a été autorisée dans la région depuis le 2 août 2021, à l’exception de deux camions en novembre, tandis qu’une crise de trésorerie a laissé les organisations à but non lucratif locales profondément endettées et ayant du mal à payer les salaires depuis le mois de juin.
« Pénurie extrême de nourriture »
De nouveaux combats dans la région voisine d’Afar ont également perturbé la distribution d’une aide urgence. Cette situation empêche des livraisons depuis le 15 décembre le long du principal couloir d’aide humanitaire, qui s’étend de Semera, la capitale de l’Afar, à Makalé, la capitale du Tigré. « Au total, 1 339 camions sont entrés dans la région du Tigré en provenance de Semera depuis le 12 juillet, ce qui représente environ 9 % des aides nécessaires pour répondre à l’ampleur des besoins humanitaires au Tigré », écrit l’OCHA.
Des travailleurs humanitaires ont pu transporter en avion des fournitures médicales vitales au Tigré, mais celles-ci ont été bien en deçà des besoins sur place, a souligné l’agence de l’ONU, la population ayant recours à des mesures désespérées comme l’utilisation de draps pour fabriquer de la gaze.
La malnutrition continue de fortement augmenter au Tigré, souligne l’OCHA, qui précise que 6,4 % des enfants dépistés se sont vu diagnostiquer une malnutrition aiguë, entre le 1er et le 7 février. Les aides destinées à traiter ces cas sont « complètement épuisées ou presque entièrement épuisées », alerte cette agence. En janvier, le Programme alimentaire mondial de l’ONU avait averti que près de 40 % de la population souffrait d’une « pénurie extrême de nourriture » au Tigré.
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée