Le projet d’un institut du pétrole à Pointe-Noire est en gestation, selon les révélations du ministre congolais des Hydrocarbures interviewé par LTA. Développé en partenariat notamment avec une école spécialisée française, ce projet qui devrait être concrétisé « rapidement » vise à combler le manque d’ingénieurs pétroliers dans la sous-région CEMAC où la plupart des pays sont producteurs d’or noir.
Pointe-Noire, deuxième ville de la République du Congo et ville pétrolière par excellence, devrait prochainement abriter un Institut du pétrole qui aura vocation à former les ingénieurs pétroliers venus de toute la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), selon les révélations -dans un entretien avec La Tribune Afrique- de Bruno Itoua, ministre congolais des Hydrocarbures et président en exercice de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) pour l’année 2022.
« Nous nous sommes engagés à être tellement concrets que nous travaillons sur la création d’un Institut africain du pétrole à Pointe-Noire. Nous sommes déjà en discussion avec IFP School et IFP Training ainsi que deux autres partenaires pour concrétiser cela rapidement », a déclaré Bruno Itoua.
IFP School est l’Ecole nationale supérieure du pétrole et des moteurs qui forme des ingénieurs en motorisations et mobilité durable, en économie et management de l’énergie, en procédés pour l’énergie et la chimie ainsi qu’en géoressources et énergie. Actuellement, le ministère et ses partenaires travaillent, d’après le ministre, sur ces termes de référence et le processus de mise en œuvre du projet entre autres.
Une fois l’école mise en service, le déploiement de stratégie de formation ira crescendo. « Nous commencerons d’abord par faire du training en ligne, ensuite nous ferons du training in situ. La collaboration avec IFP nous permettra d’envoyer nos étudiants ingénieurs en France pour des formations diplômantes. Nous passerons ensuite aux formations diplômantes à Pointe-Noire, puis aux trainings en présentiel », explique Bruno Itoua.
Rattraper un profond retard
Avec ce projet, le Congo entend s’inspirer des projets récents du Sénégal et de la Côte d’Ivoire qui dispose chacun d’une école du pétrole pour former leurs ingénieurs alors qu’il s’agit de pays qui ne pèsent encore sur le marché pétrolier. C’est aussi une manière pour le troisième pays producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne de rattraper les nombreux retards enregistrés dans le développement d’une filière industrielle pétrolière dans une économie où l’or noir représente près de 85% des exportations, plus de 70% des recettes extérieures et -selon les données de Coface- près de 60% du PIB. Et le tableau est quasiment le même pour tous les autres pays producteurs de pétrole de la CEMAC à savoir la Guinée Equatoriale, le Gabon, le Tchad et le Cameroun. D’après Bruno Itoua qui a récemment réuni à Brazzaville les ministres du pétrole de la zone lors du CEMAC Business Energy Forum assure que « l’idée séduit toute la CEMAC ».
En effet, le manque de compétences et d’expertises dans le domaine pétrolier (tout comme dans le secteur des matières premières dans son ensemble) constitue un frein à la transformation locale de cette ressource prisée à travers la planète. Alors qu’il est désormais question de préservation de l’environnement face aux dérèglements climatiques, il se pose plus que jamais -outre le préalable de la volonté politique- la question de la disponibilité des compétences et expertises pour favoriser une exploitation des ressources pétrolières qui soit neutre en carbone.
Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée