En lieu et place du visage de Yahya Jammeh sur les anciens billets, une espèce d’oiseau local, un pêcheur en mer ou un fermier dans une rizière le remplacent sur les nouveaux. Avec le début de la distribution de nouveaux billets, la Banque centrale de Gambie a rayé des symboles monétaires toute trace de l’homme qui régna pendant 22 ans sur le pays. Une manière de conjurer les mauvais souvenirs des deux décennies de règne pendant lesquels certains biens du pays se confondaient avec sa propriété privée.
La Gambie a de nouveaux billets de banque. Mis en circulation depuis ce mercredi 7 août, les nouveaux billets de 50, 100 et 200 dalasis (la monnaie locale) ne sont plus estampillés de l’effigie de Yahya Jammeh, président du pays depuis son coup d’Etat de 1994 à son départ en exil vers la Guinée équatorialedébut 2017. La Banque centrale de la Gambie et les nouvelles autorités ont décidé de retirer le visage de l’ancien président des nouveaux billets en circulation dans le pays.
Bakary Jammeh, gouverneur de la Banque centrale de Gambie,a expliqué ce nouveau changement de symbole par la volonté pressante du peuple de remplacer les billets sur lesquels figurait le visage du prédécesseur d’Adama Barrow. L’institution bancaire tablait pour une mise en circulation dans le marché des nouveaux billets avant Aid al-Adha, la fête musulmane commémorant le sacrifice d’Abraham. Les nouveaux billets effacent donc toute trace de Yahya Jammeh.
Effacer Jammeh de la mémoire collective
Sur le recto des billets de 50, 100 et 200 dalasis, c’est la figure d’un oiseau qui est représentée. Selon le billet, le verso est frappé de l’image d’un pêcheur travaillant en mer ou de celle d’un agriculteur travaillant dans une rizière. «Une monnaie n’est pas une propriété personnelle et ne devrait pas arborer le visage d’un président en exercice», a commenté pour l’AFP, Madi Jobarteh, militant des droits de l’homme. «De nombreux autres Gambiens méritent de figurer sur ces billets en raison de leur rôle et de leur contribution à la lutte pour l’indépendance et le développement de ce pays depuis l’indépendance».
Le retrait de l’effigie de Jammeh sur les billets de banque intervient alors que les travaux de la Commission vérité et réconciliation poursuit ses auditions publiques. Les témoignages de plusieurs collaborateurs de l’ancien homme fort de Banjul enfoncent l’ancien président au rythme des révélations sur des crimes commis sous ses différents mandats. La justice gambienne tente de capitaliser sur ces éléments pour espérer juger Yahya Jammeh qui semble hors de portée en Guinée équatoriale. Après le démantèlement de ces biens en Gambie et de ses réseaux parfois câblés jusque dans les rangs de l’armée, le retrait de son effigie sur les billets de banque est une des nombreuses actions pour tenter de l’effacer de la mémoire collective.
Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée