C’est une double sanction dont l’annonce a fait sensation ce 29 mars 2022. Elle vise deux hauts responsables qui avaient affiché un différend sur la place publique : le président de la Cour d’appel de Conakry et le Haut-Commandant de la gendarmerie.
Lundi, Alphonse Charles Wright, le procureur de la Cour d’appel de Conakry, donne une conférence de presse pour dénoncer une série dysfonctionnements. D’un ton sec, il accuse Balla Samoura, le Haut-Commandant de la gendarmerie, d’interférer dans les affaires judiciaires qui ne relèvent pas de sa compétence.
Pour rappel, Balla Samoura fait partie des hommes influents du CNRD, au pouvoir. Le procureur lui reproche d’avoir arrêté et séquestré d’anciens hauts responsables politiques fidèles à Alpha Condé, à l’image de Kalil Kaba, l’ancien ministre des Affaires étrangères qui, selon ses avocats, a passé deux jours dans les locaux de la direction de la justice militaire sans avoir été convoqué officiellement et surtout sans avoir accès à ses conseils.
Le magistrat a ensuite réitéré ces accusations dans une émission de grande écoute mardi matin : « On ne s’attribue pas des prérogatives, c’est la loi qui le fait. On peut tout négocier, sauf la loi. »
Dans la soirée, un décret lapidaire du ministre de la Justice a annoncé la suspension immédiate d’Alphonse Charles Wright « pour faute disciplinaire ».
Dans la foulée, Balla Samoura, a, lui aussi, été suspendu. Cette fois, la sanction provient de la junte. Tard dans la soirée, Sidiki Camara, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense nationale a lu un arrêté sur la chaîne nationale. Il y annonce la suspension de Balla Samoura pour « non-respect des consignes relatives à la prise de parole publique ».
En clair, on lui reproche d’avoir répondu aux accusations du magistrat par voie de presse. Balla Samoura s’était notamment justifié auprès de médias locaux, expliquant que son statut lui permettait, selon lui, d’agir comme un officier de police judiciaire.
Source: RFI Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée