Ilwad Elman est une militante connue en Somalie et dans le monde. Son engagement pour que les enfants soldats déposent les armes est récompensé par ce prix.
Cette année encore, le Prix allemand pour l’Afrique revient à l’Afrique de l’Est. La Somalienne Ilwad Elman se voit en effet honorer pour son engagement au profit des enfants soldats. Cette orpheline de 30 ans reçoit aujourd’hui (mardi 27 octobre) au siège de la fondation allemande pour l’Afrique (Deutsche Afrika Stiftung), à Berlin, la récompense des mains du ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne, Heiko Maas.
Sur les traces de son père
Quel que soit ce que Ilwad Elman entreprend, elle le fait avec un grand optimisme. Sur son compte Instagram, on aperçoit la jeune femme de 30 ans en train de décharger des vivres humanitaires. Déterminée, énergique, elle motive un jeune homme qui dépose un paquet dans une brouette.
« Nous pensons que l’action humanitaire ne doit pas être empreinte de tristesse. Elle doit combler le destinataire et faire plaisir », pense la militante.
Ilwad Elman a grandi au Canada en tant qu’enfant réfugiée. À 19 ans, elle retourne dans son pays d’origine, la Somalie, où elle a créé avec sa mère une organisation d’aide humanitaire et un centre d’accueil pour les enfants soldats. Ilwad Elman suit en quelque sorte les pas de son père, tué dans le cadre de son travail. Il encadrait en effet des enfants soldats, en Somalie.
« Son engagement a eu tellement de succès qu’il a pu empêcher des milliers de jeunes de s’engager dans des milices. Sinon, ils auraient servi de chair à canon et auraient subi des abus. Il leur a proposé un avenir, s’ils acceptaient de rendre leurs armes », raconte-t-elle.
Le « Elman Peace Center » continue de s’engager en faveur de la paix en Somalie. Ce pays de la Corne de l’Afrique est plongé depuis environ 30 ans dans la guerre. Le sud de la Somalie est sous le contrôle de combattants djihadistes Shebab qui recrutent beaucoup de jeunes gens. Ilwad Elman s’est assignée comme mission de faire comme son père et de convaincre ces jeunes que leur vie vaut plus que cela.
Un métier en échange
Des milliers d’enfants soldats sont recrutés dans les rangs des islamistes radicaux shebab
« Déposez les armes et prenez à la place un stylo. C’est toujours le bon conseil », affirme la lauréate du Prix allemand pour l’Afrique.
Les jeunes hommes et femmes ont la possibilité d’apprendre dans le centre un métier artisanal. Compte tenu du succès enregistré, le centre envisage d’étendre ses activités à trois autres pays africains.
Dans le même temps, Ilwad Elman et sa mère militent pour les droits des femmes. Il y a dix ans, elles ont fondé le premier centre d’accompagnement des victimes de viols en Somalie. Une activité qui leur a attiré des menaces.
« Quand nous avions commencé à parler de violences sexuelles, nous avons été mises à l’index et les gens disaient que nous étions une honte pour la société. Notre centre a été la cible d’attaques. Nous étions accusées de rébellion contre la culture et la religion somaliennes », se souvient-elle.
Ilwad Elman s’est fait connaître dans le monde par son action. Elle s’est exprimée plusieurs fois devant les Nations unies. Et cette année, elle a même figuré parmi les candidats lauréats au prix Nobel de la paix.
Ilwad Elman tient à honorer la mémoire de son père. Elle se dit convaincue de pouvoir atteindre ses objectifs et pour rendre fier son défunt père.
Source : Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée