A moins de trois mois du début de la présidence française de l’Union Européenne (UE), Emmanuel Macron multiplie les déclarations d’orientation et d’intention. Le président français a réaffirmé mardi 26 octobre qu’il souhaitait gérer le problème migratoire au niveau européen ; il a exprimé le vœu qu’un nouveau traité Europe-Afrique soit signé au cours des mois à venir.
C’est lors d’un dîner de bienfaisance organisé à Paris par un réseau d’entrepreneurs protestants que le président de la République s’est exprimé à ce sujet. « L’un de mes objectifs sous présidence française (de l’UE) est d’essayer de rebâtir un traité de paix et d’amitié avec l’Afrique, où une des données sera : comment les Européens donnent la capacité à la jeunesse africaine d’avoir des opportunités dans son continent », a-t-il plaidé.
« Il faut penser avec les Etats d’origine une politique migratoire beaucoup mieux organisée, en particulier avec l’Afrique », a avancé Emmanuel Macron, tout en réclamant une meilleure protection contre les migrants illégaux, leur reconduite systématique dans leur pays d’origine et une réforme de l’espace Schengen.
« Penser une politique migratoire beaucoup mieux organisée avec l’Afrique »
Outre cette réforme de l’espace de libre circulation européen, le président français veut, dès sa prise de fonction à la tête de la présidence tournante de l’UE, le 1er janvier 2022, être le moteur d’un compromis européen sur l’immigration. Il compte notamment accélérer l’examen et l’adoption du « pacte global pour la migration », qui s’éternise depuis sa présentation il y a un an par la Commission européenne, sur fond de divisions entre Etats membres.
Au début d’octobre, lors d’un débat tenu à l’Assemblée nationale sur la vision de la France pour sa présidence de l’UE, le gouvernement a rappelé qu’il souhaitait trouver un consensus autour de ce pacte européen, en soutenant notamment le « filtrage » aux frontières extérieures et un « contrôle rigoureux » comme « condition de la solidarité ».
Répondant au président de la Fédération protestante, François Clavairoly, qui lui a rappelé « l’exigence du droit d’asile » et a regretté que « l’accueil soit nié, par des discours de haine », le président de la République a insisté, mardi au cours du dîner :
« Il faut améliorer l’intégration, y compris pour ceux qui sont là depuis longtemps, mais essayer dans le même temps de prévenir les nouvelles arrivées, car elles sont insoutenables pour nos sociétés, pour le continent européen, car une large majorité de ceux qui arrivent en demandant l’asile ne sont pas éligibles à l’asile. »
Un défi de l’immigration qu’il faut affronter, selon lui, au niveau européen, face à « une pression migratoire beaucoup plus forte que ces dernières années, dans des sociétés en crise d’intégration, avec aussi des personnes qui viennent de pays plus difficiles à intégrer ». « Chaque cas individuel, vous arriverez à me convaincre en tant qu’homme qu’il faut [le] garder, mais en tant que président je ne peux pas vous dire que cette situation soit viable, car cela vide de son sens ce qu’est l’asile », a-t-il souligné, réclamant une distinction nette entre l’asile et toutes les autres migrations.
Depuis un mois, la France a d’ailleurs durci le ton vis-à-vis de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, en décidant de réduire de 50 % l’octroi de visas accordés aux ressortissants algériens et marocains, et de 30 % celui qui concerne les Tunisiens,face au refus de ces pays de rapatrier leurs ressortissants en situation irrégulière. Cette décision a provoqué une crise diplomatique entre Paris et Alger.
Lors de sa prise de parole mardi soir, Emmanuel Macron a également souhaité rappeler que « la plupart de ceux qui viennent pour demander l’asile viennent de pays avec lesquels nous entretenons des relations diplomatiques parfaites, auxquels nous donnons des dizaines, voire des centaines, de milliers de visas ».
Source: Le Monde Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée