L’organisation régionale a menacé samedi de sanctionner ceux qui feraient barrage à la « normalisation politique et institutionnelle » du pays, plongé dans une impasse post-électorale depuis près de deux mois.
L’issue du second tour de l’élection présidentielle du 29 décembre demeure disputée entre Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, et donné vainqueur par la Commission nationale électorale (CNE), et Domingos Simões Pereira, le candidat du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui domine la vie politique du pays depuis son indépendance en 1974.
Dans un communiqué, la Cedeao, médiatrice depuis 2012 dans ce pays chroniquement instable, rappelle qu’elle avait, dès le 22 janvier, « pris acte » des résultats annoncés par la CNE et « félicité » le vainqueur, Umaro Sissoco Embaló, crédité de 53,55% des voix.
Domingos Simões Pereira, qui avait viré en tête avec 40,1% des voix au premier tour mais n’a recueilli que 46,45% au second, conteste toujours ces résultats, entachés selon lui de fraudes.
Il a saisi la Cour suprême, dont les arrêts n’ont pas permis de trancher définitivement les contentieux électoraux.
Menaces
Dans sa dernière décision, qui date du 14 février, la plus haute juridiction du pays a refusé de prononcer l’annulation du scrutin, réclamée par le PAIGC. Mais elle a dans le même temps exigé que la commission électorale effectue à nouveau une vérification des procès verbaux des résultats.
Or, la CNE affirme que ces opérations ont déjà été effectuées.
Dans son communiqué, la Cedeao souligne que les « résultats définitifs » ont déjà été annoncés et elle invite les deux institutions rivales à « coopérer de manière constructive afin de sauvegarder l’intégrité du processus électoral ».
Elle hausse le ton en avertissant que « des sanctions pourront être prises contre tous les acteurs qui n’agiraient pas dans le sens de la normalisation politique et institutionnelle ».
Réunion d’urgence
Les deux camps multiplient depuis des jours les invectives, ce qui fait craindre de nouvelles violences dans l’ancienne colonie portugaise, qui a connu quatre coups d’État, une quinzaine de tentatives de putsch et de nombreux assassinats politiques depuis son indépendance.
Jusqu’à présent, l’armée n’est pas intervenue dans ce cycle électoral.
Le Madem, le parti d’Umaro Sissoco Embaló, a réclamé vendredi une réunion d’urgence de l’Assemblée nationale afin que celle-ci puisse organiser la prestation de serment de son chef de file en tant que président.
Source : Jeune Afrique /Lhi-tshiess Makaya-exaucée