La République démocratique du Congo célèbre ce mercredi 30 juin le 61e anniversaire de son indépendance. Et c’est ce jour que la Belgique, ancienne puissance coloniale, devait restituer la dent du leader indépendantiste, Patrice Lumumba, dernière dépouille officielle de son corps jamais retrouvé après son assassinat. Mais cette restitution a été repoussée à cause de la Covid-19. La Belgique songe, de façon plus générale, à restituer à la RDC les biens culturels.
Il s’agit de seulement 883 objets sur les plus de 80.000 stockés au Musée national de l’Afrique à Tervuren en Belgique. Ces objets ont été acquis par la force et la violence dans des conditions illégitimes.
Dialogue diplomatique avant le retour
Les biens culturels spoliés doivent donc être restitués à la RDC, explique Thomas Dermine, secrétaire d’Etat belge, chargé de la politique scientifique :
« Pour tous les objets pour lesquels on a des études de provenance qui nous montrent qu’ils ont été acquis dans des conditions illégitimes, des vols, des extorsions, des massacres…, ces objets ne nous appartiennent pas. On en transfère immédiatement la propriété. Mais en revanche, l’autre question est : est-ce que l’objet on le restitue physiquement maintenant ou plus tard ? Et pour ça, on va engager un dialogue diplomatique avec le Congo pour voir quelles sont les modalités de retour et comment est-ce qu’on peut le lier à la coopération au développement, travailler aussi sur les infrastructures pour accueillir les objets. »
Concernant les biens dont la provenance n’a pas encore été clarifiée, ils sont considérés comme « propriété privée de l’Etat », ajoute Thomas Dermine.
« Il y a un peu moins de 40% des objets pour lesquels il n’y a pas d’étude de provenance qui est réalisée. Donc, ce qu’on fait pour ses objets, c’est que : un, on va essayer d’accélérer les études de provenance pour qu’ils soient dans la catégorie illégitime ou dans la catégorie légitime mais cela peut prendre beaucoup de temps, indique secrétaire d’Etat belge. Et pour certains objets, on sait qu’il sera quasiment impossible de retrouver l’origine de l’acquisition. Et deuxièmement, ce qu’on fait, dès aujourd’hui, on les transfère dans le domaine privé de l’Etat. Mais pour qu’ils puissent être cédés si les études de provenance montrent que les conditions sont illégitimes. »
La restitution ne suffit pas
Mais pour le professeur en histoire, Jürgen Zimmerer, de l’Université de Hambourg en Allemagne, les réparations ne consistent pas seulement à restituer les biens volés. Il faut toute une série de mesures qui sont censées relever les traumatismes du passé.
Le professeur Zimmerer estime que « Jusqu’à présent, aucun pays européen n’a mené une politique de réparation sérieuse car force est de constater que cette volonté de restituer des objets individuels ne représente au fond qu’une petite partie des réparations pour les crimes et les souffrances de l’époque coloniale. Ce qui a été fait aux populations du Congo, jusqu’à dix millions de morts, et puis le génocide des Herero en Namibie, etc…. Il n’y a toujours pas de volonté de faire vraiment amende honorable. «
Par ailleurs, Jürgen Zimmerer admet que même si la volonté de la Belgique de rendre des biens culturels reste limitée, elle pourrait tout de même inciter les autres pays à en faire autant.
Source : Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée