Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, la crise sanitaire pourrait poser des problèmes de sécurité à l’Europe si aucune mesure n’est prise pour venir en aide au pays en développement.
Selon le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas la pandémie de coronavirus en Afrique pourrait aggraver les problèmes sécuritaires en Afrique et engendrer une vague de réfugiés ou de migrants clandestins en direction de l’Europe.
C’est pourquoi la question sera au cœur des priorités de l’Allemagne durant sa présidence du Conseil de l’Union européenne.
Dans un document du ministère des Affaires étrangères à Berlin, dont l’agence de presse AP a eu copie, le chef de la diplomatie allemande parle d’un risque de « déstabilisation » des pays d’Afrique et du Moyen-Orient à cause des effets du coronavirus qu’il faut à tout prix éviter.
Les grognes se font sentir
En Afrique, le problème est réel et les grognes sociales se font déjà sentir. Les mesures restrictives empêchent le redémarrage économique et rendent les Etats inexistants dans certaines parties de leurs territoires.
Une situation que redoute aussi Alioune Tine, le fondateur du think thank « Africa Jom Center ». Pour lui, les impacts du coronavirus vont beaucoup plus fragiliser les Etats, notamment ceux qui faisaient déjà face à des problèmes sécuritaires et sociaux avant le début de la pandémie.
« Le risque est réel et c’est ce qu’on appelle l’ »effet pangolin ». C’est vrai que nous avons déjà une crise profonde. Les Etats sont déjà faibles face aux terroristes et aux groupes armées. Il faut qu’il y ait des moyens, des ressources économiques ou des armes et des structures. Mais si vous n’avez pas ça, c’est un problème. C’est le même problème du Mali jusqu’au Cameroun. Si la situation se fragilise plus, alors c’est un problème pour toute l’humanité », a estimé Alioune Tine.
C’est pourquoi le ministère allemand des Affaires étrangères appelle à la mutualisation des efforts des grandes puissances pour venir en aide aux pays en développement.
La nécessité de la mutualisation des efforts
Dans le cas contraire, d’après Heiko Maas, la crise sanitaire pourrait exacerber les conflits existants, alimenter le terrorisme et l’immigration clandestine ou encore entraîner de graves conséquences pour l’Allemagne et l’Union européenne.
Mais dans un entretien accordé à la DW, réagissant au désengagement des Américains sur le continent, le ministre allemand avertit : « nous ne pouvons pas être partout où les Etats-Unis se retirent. Nous avons déjà pris beaucoup de responsabilités, par exemple en Afrique, en particulier au Sahel, ainsi qu’en Afghanistan, où l’Allemagne devrait désormais également jouer un rôle dans le processus de paix. Il s’agit toujours de notre sécurité, mais aussi de diplomatie. »
Le Conseil européen réunit demain (19 juin), par vidéoconférence, les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays membres de l’Union européenne.
La chancelière allemande, Angela Merkel, exige des pays membres un engagement fort dans le plan de relance européen pour sortir de la crise sanitaire.
Un contexte qui laisse peu de place à l’action allemande et européenne sur le continent africain même si l’Allemagne tient à souligner l’importance du partenariat entre les deux continents.
Source : Deutsche welle Afrique /Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée