Déjà favorite pour prendre la tête de l’Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala est désormais la seule candidate, suite au retrait de la ministre sud-coréenne Yoo Myung-hee. Seule l’administration de Donald Trump s’était, jusqu’à présent, ouvertement opposée à la candidature de la Nigériane.
Elle navigue désormais seule en tête. La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala pourrait devenir la première directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce, à condition toutefois que la nouvelle administration Biden lui donne sa bénédiction.
La seule autre candidate à ce poste restant encore en lice, la ministre sud-coréenne du Commerce Yoo Myung-hee, a officiellement renoncé, vendredi 5 février, à briguer ce mandat.
Mme Yoo a consulté les États-Unis, qui sous Donald Trump étaient son principal soutien, et d’autres capitales et « décidé de renoncer à sa candidature », a précisé le ministère sud-coréen du Commerce dans un communiqué.
La candidate nigériane « ne sera pas automatiquement désignée. Le choix exige un consensus, qui en pratique veut dire que les États-Unis adhèrent au consensus », a toutefois tempéré un diplomate européen en charge du commerce à Genève à l’AFP, tout en expliquant que le retrait de la candidate coréenne laissait entendre que c’est exactement ce qui est en train de se passer.
D’autant que Mme Yoo a souligné ses échanges avec Washington dans le communiqué annonçant sa décision.
Le processus de désignation d’un successeur au Brésilien Roberto Azevedo, parti un an avant la fin de son mandat pour raisons familiales, est dans une impasse depuis l’automne.
Le comité chargé de la succession avait annoncé, le 28 octobre, que la candidate la mieux placée pour faire l’objet d’un consensus était la Nigériane, qui se fait appeler Dr Ngozi.
Barrage des États-Unis
En plus d’être la première femme à la tête de l’OMC, elle serait la première directrice générale originaire d’Afrique. Mais les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, lui ont barré la route, soutenant Mme Yoo, première femme à avoir été ministre du Commerce dans son pays, en arguant du fait qu’elle avait 25 ans d’expérience dans le domaine.
La position de l’ex-administration Trump a poussé le processus dans l’impasse. La docteure Ngozi Okonjo-Iweala n’a pas crié victoire. Elle a indiqué attendre la fin du processus de sélection soulignant que « l’OMC doit tourner son attention vers la pandémie de Covid-19 et la reprise économique mondiale », a indiqué sa porte-parole.
Un diplomate européen s’est réjoui de la nouvelle. « Nous saluons l’esprit de responsabilité de cette décision. C’est une heureuse nouvelle pour le multilatéralisme. Plus rien ne s’oppose à ce que les membres désignent très rapidement la candidate nigériane, la docteur Ngozi Okonjo-Iweala qui a remporté le processus de sélection », a-t-il indiqué à l’AFP.
« Avec l’impulsion de sa nouvelle directrice générale, l’OMC pourra envisager ses négociations sur les subventions à la pêche et préparer sa 12e conférence ministérielle en 2021 », a-t-il souligné.
Crise économique et guerre commerciale
Et de fait les dossiers ne manquent pas pour tirer l’OMC de sa crise quasi existentielle. Le prochain chef de l’institution devra affronter la crise économique, mais aussi la crise de confiance dans le multilatéralisme et dans le bien-fondé de la libéralisation du commerce mondial, le tout sur fond de guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques, la Chine et les États-Unis.
À la mi-octobre, Ngozi Okonjo-Iweala avait indiqué vouloir se donner deux priorités pour montrer que l’OMC est indispensable.
Elle souhaite pouvoir présenter, à la prochaine Conférence ministérielle de l’organisation, un accord sur les subventions à la pêche – qui est pour l’heure au point mort – pour démontrer que l’OMC peut encore produire des avancées multilatérales. L’autre priorité c’est de rebâtir l’organe de règlement des différends – le tribunal de l’OMC – qui a été torpillé par l’administration Trump et est en état de mort cérébrale. « Je suis la candidate de la réforme », avait-elle alors affirmé.
Pour l’heure, l’administration de Joe Biden n’a pas dit si elle soutiendra la candidature de la nigériane et la future représentante au commerce, Katherine Tai, n’a été ni auditionnée ni confirmée par le Congrès américain pour pouvoir prendre les rênes de la politique commerciale internationale des États-Unis.
Le porte-parole de l’OMC, Keith Rockwell, a dit pour sa part que « la Corée du sud n’a pas encore indiqué ce qu’elle allait faire en termes de soutien à Mme Ngozi ».
L’OMC a une réunion prévue le 1er et le 2 mars de son Conseil général, mais le porte-parole a souligné que ce calendrier pouvait être accéléré si besoin.
Source: France 24/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée