La procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, a terminé ce mardi 20 octobre sa visite à Khartoum. Première visite d’un représentant de la CPI dans le pays avec pour objectif de parler des crimes commis pendant la guerre civile au Darfour.
La délégation a rencontré plusieurs membres du gouvernement, du Conseil souverain, de la société civile ainsi que des associations de victimes. Le cas de l’ancien chef de guerre Ali Kushayb, qui s’est rendu en juin et qui attend son procès à La Haye a été évoqué. Tout comme le cas de l’ancien président soudanais Omar el-Béchir et deux de ses collaborateurs, détenus à Khartoum mais poursuivis par la CPI pour génocide et crimes contre l’humanité.
Il a fallu des mois avant qu’un tel déplacement soit possible. Des mois de contacts informels et d’attente que la situation se stabilise après la révolution. Selon une bonne source, il s’agit avant tout « d’un premier pas, pour instaurer un dialogue », et connaître la vision de chacun sur ce dossier.
Il faudra bien sûr d’autres rencontres pour instaurer une parfaite confiance. Or pour la CPI le temps presse. La prochaine audience de l’ancien chef de guerre Ali Kushayb se tiendra le 7 décembre. D’ici là, Fatou Bensouda veut renforcer son dossier car jusqu’à présent, aucun enquêteur n’a pu aller au Darfour. Toutes les preuves et témoignages ont été obtenus hors du Soudan.
« C’est mieux d’avoir plus d’éléments que moins. Il faut aller sur le terrain le plus vite possible. Les autorités disent vouloir collaborer. Elles n’ont pas dit non en tout cas », confie un bon connaisseur du dossier.
La même démarche sera nécessaire pour le cas d’Omar el-Béchir et ses anciens ministres. Le Soudan devra ouvrir son territoire, donner accès à des documents, laisser les enquêteurs venir. « Les Soudanais sont d’accord sur le besoin de justice. Par contre le quand, comment, par qui, restent à déterminer », indique une source.
Plusieurs scénarios sont sur la table. Une extradition vers La Haye. La venue d’un juge à Khartoum pour présider le procès, où la création d’une cour mixte. Selon le statut de Rome, la CPI peut siéger n’importe où, mais un procès historique au Soudan posera d’énormes questions logistiques, sécuritaires et budgétaires qu’il faudra démêler avant toute décision.
Source : RFI Afrique/ Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée