La Tanzanie a annoncé sa décision d’autoriser les étudiantes enceintes et les mères adolescentes à poursuivre leurs études, mercredi 24 novembre, balayant ainsi une interdiction très critiquée mise en place par son défunt leader, John Magufuli. En 2017, le pays avait commencé à expulser des filles enceintes des écoles étatiques et à leur interdire de retourner en cours après avoir mis au monde leur enfant, une décision critiquée par des militants des droits humains, qui avaient appelé à l’abrogation de la loi.
Après le décès de John Magufuli cette année, Samia Suluhu Hassan, qui lui a succédé à la tête de l’Etat, a cherché à rompre avec certaines des politiques menées par l’autocrate. La ministre de l’éducation, Joyce Ndalichako, a déclaré mercredi que « les écolières enceintes seront autorisées à poursuivre leurs études après l’accouchement ». « Je publierai une circulaire plus tard dans la journée. Il n’y a pas de temps à perdre », a-t-elle déclaré lors d’une cérémonie à Dodoma, la capitale.
John Magufuli avait juré qu’aucune étudiante qui tomberait enceinte ne terminerait ses études sous son mandat, affirmant qu’il était immoral que des jeunes filles soient sexuellement actives. « Je donne de l’argent pour qu’une étudiante étudie gratuitement. Et puis elle tombe enceinte, accouche et après ça, retourne à l’école. Non, pas sous mon mandat », avait-il déclaré en 2017. A cette période, Human Rights Watch avait publié un rapport dans lequel l’ONG déclarait que des responsables d’écoles en Tanzanie effectuaient des tests de grossesse en vue d’expulser des étudiantes enceintes.
Une annonce saluée par la Banque mondiale
Cette décision avait été largement critiquée par des groupes de défense des droits humains et par des donateurs internationaux, qui avaient coupé leurs financements au pays en réponse aux politiques de Magufuli. La Banque mondiale avait ainsi gelé un prêt de 300 millions de dollars (265 millions d’euros) destiné à l’éducation des filles. « La Banque mondiale salue l’annonce du gouvernement tanzanien sur la levée des barrières pour accéder à l’éducation », a réagi mercredi l’organisation.
Le parti d’opposition Alliance pour le changement et la transparence (ACT Wazalendo) s’est félicité que ses efforts aient été couronnés de succès : « Nous avons réussi ! Un exemple limpide d’une lutte sur de nombreux fronts », a déclaré son leader, Zitto Kabwe.
Président à partir de 2015, surnommé le « Bulldozzer » pour son leadership à poigne, John Magufuli, 61 ans, est officiellement mort le 18 mars de problèmes cardiaques. Mais son principal opposant affirme que le dirigeant, qui n’a cessé de minimiser l’impact du coronavirus et refusé de prendre des mesures pour endiguer la pandémie, est mort du Covid-19.
En succédant à John Magufuli, la nouvelle présidente a largement révisé la politique du défunt président, s’engageant à défendre la démocratie et les libertés fondamentales et à autoriser de nouveau les médias interdits. Mais l’arrestation fin juillet du leader du principal parti d’opposition, Freeman Mbowe, dénoncée par des associations et des pays occidentaux, a nuancé cette rupture. M. Mbowe est actuellement en procès pour « terrorisme ».
Source: Le Monde Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée