Au-delà de la crise sanitaire se profile déjà la crise économique. Les institutions financières régionales déploient des mesures pour parer aux urgences.
- La BAD lance un emprunt obligataire social. La banque panafricaine est pressée par le temps et a donc décidé de lancer un appel aux investisseurs sans passer par les banques. Pour cela, elle a fait appel à un emprunt obligataire social intitulé « Combattre le Covid-19 ». « Nous apprécions le niveau d’intérêt exceptionnel que notre émission Combattre Covid-19 a soulevé à travers le monde, à un moment crucial pour l’Afrique. La Banque africaine de développement s’attelle à fournir les efforts nécessaires pour atténuer l’impact social et économique de cette pandémie sur notre continent déjà fortement affaibli, a déclaré Hassatou Diop N’Sele, trésorière du groupe de la Banque africaine de développement. Avec nos émissions obligataires sociales, nous offrons aux investisseurs l’opportunité de participer à l’amélioration des conditions de vie des populations d’Afrique. L’émission Combattre Covid-19 est un résultat exceptionnel pour une cause exceptionnelle. » Après quelques heures, la banque a obtenu plus qu’elle n’espérait puisque le carnet d’ordres final s’élève à 4,6 milliards de dollars. Cette émission est la plus importante obligation sociale jamais émise sur les marchés de capitaux en dollars. Reste encore que ces promesses se concrétisent rapidement.
- La Cemac au secours des entreprises d’Afrique centrale. Réunis en urgence samedi 28 mars à Brazzaville, les six ministres des Finances des pays d’Afrique centrale ont fait le point sur l’impact de la crise actuelle sur les économies de la sous-région et identifié des pistes de solution. Ils avancent deux stratégies : d’un côté appuyer les États dans la lutte contre le Covid-19 et l’après. Et de l’autre soutenir les entreprises. Alors que leurs économies tournent déjà au ralenti, les ministres des Finances de la Cemac souhaitent agir vite afin d’éviter de se retrouver dans la même situation qu’après la crise de 2014 provoquée par la chute des cours du pétrole. Ils ont d’ores et déjà décidé de la subvention des entreprises pour éviter qu’elles tombent en faillite. D’autre part, les ministres des Finances ont aussi recommandé aux États de négocier collectivement et d’obtenir l’annulation de l’ensemble de leurs dettes extérieures. Objectif : se donner des marges budgétaires pour faire face à la fois à la pandémie du coronavirus et à la relance de leurs économies.
- L’Union africaine va créer un fonds continental anti-Covid-19. C’est Cyril Ramaphosa, le chef d’État sud-africain, en sa qualité de président en exercice de l’UA, qui est à la manœuvre. En tout 12, 5 millions de dollars vont être mobilisés pour démarrer. Les États membres de l’UA, la communauté internationale et les entités philanthropiques sont tous invités à contribuer au fonds. Prenant acte du rôle essentiel du Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC Afrique) et de son sous-financement, les États membres du Bureau de l’Union africaine sont convenus de contribuer à hauteur de 4,5 millions de dollars pour renforcer les capacités du CDC Afrique. Le Bureau c’est-à-dire l’exécutif de l’institution panafricaine a exprimé son inquiétude quant aux éventuelles pénuries de médicaments et de vaccins alors que des usines ferment ou que des pays conservent des stocks pour leur propre consommation.
- Moody’s dégrade la note financière de l’Afrique du Sud. La nouvelle tant redoutée est tombée vendredi 27 mars. L’agence de notation place au rang d’investissement spéculatif la note financière de l’Afrique du Sud, dont l’économie vient de replonger dans la récession en pleine pandémie de nouveau coronavirus. Le pays le plus industrialisé du continent est englué depuis plus d’une décennie dans une crise qui se manifeste par une croissance molle, la détérioration des finances publiques, le chômage de masse (29,1 %) et, plus récemment, des pannes d’électricité à répétition. L’économie sud-africaine est retombée dans la récession au dernier trimestre de l’année dernière. Sur l’ensemble de 2019, son produit intérieur brut (PIB) n’a augmenté que de 0,2 %, sa plus faible progression depuis la tempête financière mondiale de 2008. Moody’s a abaissé la note du pays de Ba1 à Baa3 à cause de « la détérioration continue de sa situation fiscale et de sa croissance structurellement faible », dont l’agence pense qu’elles « ne seront pas traitées efficacement par la politique actuelle » du gouvernement. Moody’s a également maintenu sa perspective négative de crainte « d’une croissance plus faible qu’anticipée et d’un accroissement plus rapide que prévu de la dette ». Le gouvernement sud-africain tablait récemment sur une croissance de 0,9 % pour l’année en cours mais le président Cyril Ramaphosa a averti que cette prévision serait plus faible à cause de l’épidémie de coronavirus. « La dégradation de Moody’s ne pouvait pas arriver plus mal », a regretté le ministère des Finances dans un communiqué, « elle va aggraver la nervosité actuelle des marchés financiers ». L’Afrique du Sud est le pays d’Afrique subsaharienne le plus touché par la pandémie de Covid-19, avec plus d’un millier de cas et un mort, selon le dernier bilan. Les deux autres agences financières, Fitch et S & P avaient déjà toutes les deux placé le pays au rang des investissements spéculatifs.
Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée