Ntabo Ntaberi est reconnu responsable de centaines de crimes dans plusieurs territoires du Nord-Kivu.
Le procès durait depuis novembre 2018. La cour militaire du Nord-Kivu a finalement condamné, ce lundi 23 novembre, l’ancien chef de la milice Nduma Defence of Congo (NDC), Ntabo Ntaberi, alias Sheka, à une servitude pénale à perpétuité. Cet ancien chef rebelle était poursuivi pour crimes contre l’humanité dans le territoire de Walikale, dans le Nord-Kivu.
Tabo Taberi a été condamné pour « meurtre, viol, esclavage sexuel, enrôlement d’enfants de moins de 15 ans« . Sa milice entendait lutter contre les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans plusieurs territoires du Nord-Kivu. Mais l’ONU avait relevé des attaques contre 13 villages, qui avaient fait 287 morts. 380 femmes, hommes et enfants avaient aussi été violés.
Le procès a eu lieu devant un tribunal militaire à Goma
« L’impunité n’est pas une fatalité »
Les activistes des droits de l’homme qui, depuis le début de son procès, demandaient que justice soit rendue, semblent être satisfaits de la décision du tribunal. C’est aussi un soulagement pour les victimes. « C’est un monsieur qui a causé avec ses hommes, des désolations dans des familles et qui a laissé derrière lui, des veuves, veufs et des orphelins tout en mettant le territoire dans l’émoi », raconte Vascos Saasita, activiste des droits de l’homme. « Cette condamnation est une lueur d’espoir pour plusieurs victimes des affres des guerres et leurs proches, car elles pourront obtenir une réparation. »
La représentante des Natuions unies dans le pays Leïla Zerrougui a elle aussi réagit, estimant que « l’impunité n’est pas une fatalité ».
Appels à d’autres procès
Si cette condamnation est salué de toutes parts, elle ne met pas fin à l’insécurité dans la région. D’autres seigneurs de guerre agissent encore dans l‘impunité dans le Nord-Kivu et continuent de commettre de graves exactions sur la population. Les activistes des droits de l’homme suggèrent au gouvernement de ne pas négocier avec ces chefs rebelles mais des poursuites judiciaires.
« Les dirigeants nous font du mal quand ils négocient avec des gens qui tuent et violent, et après, ils les mettent dans l’armée et dans le gouvernement », se plaint l’activiste Dufina Tabu. « C’est une mauvaise voie. Quand on commence à les arrêter, ça nous soulage. Tous ces malfrats doivent être arrêtés », insiste-t-il. « On ne doit plus négocier avec des rebelles, un gouvernement qui négocie avec des assassins est un mauvais gouvernement. »
En plus de la peine de servitude pénale à perpétuité, Ntabo Ntaberi a été condamné à une amende de 50.000 dollars américains de dommages et intérêts. Parmi les trois co-accusés, l’un a également été condamné à perpétuité, un autre à 15 ans de prison et le dernier a été acquitté.
Source:Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée