Un dialogue politique entre le gouvernement et l’Union européenne a débuté ce mardi 2 février à Bujumbura. Les autorités burundaises et l’UE doivent discuter de la levée des sanctions budgétaires prises contre le pouvoir burundais au début de la crise 2015 notamment pour « de graves violations des droits de l’homme » imputées alors au régime en place.
Déverrouillage de l’espace politique, liberté de parole et d’association, violations des droits de l’homme, corruption généralisée, accès des sociétés occidentales aux marchés publics… L’Union européenne et ses états membres demandent des mesures concrètes pour lever les sanctions prises contre Gitega, au plus fort de la crise de 2015.
De son côté le pouvoir burundais vient, fort opportunément, de lâcher du lest en libérant quatre journalistes qui croupissaient en prison depuis plus d’une année et en annonçant prochaine réouverture des médis sous sanctions, presse ses partenaires européens de tourner la page sombre de 2015 en mettant fin à des sanctions budgétaires qui l’étranglent.
Le ministre burundais des Affaires étrangères, Albert Shingiro, et ses hôtes européens sont donc rentrés dans le vif du sujet dès cette première rencontre. À l’ordre du jour notamment, l’établissement d’une feuille de route qui doit leur permettre aboutir rapidement à « une solution satisfaisante » pour les deux parties.
Elles prévoient pour cela des discussions hebdomadaires au niveau des équipes techniques ponctuées chaque mois d’une rencontre entre le chef de la diplomatie burundaise et les ambassadeurs de l’Union européenne et de ses états membres, histoire de faire le point et un bilan d’étape. Ils auront en tête une échéance : fin novembre de cette année, date à laquelle il sera mis fin aux accords de Cotonou, chaque pays étant désormais traitée par l’Union européenne comme un cas particulier.
5 ans de sanctions
Les premières sanctions, dirigées d’abord contre plusieurs personnalités du régime dont l’actuel n°2 du gouvernement et ministre de l’Intérieur, le général Gervais Ndirakobuca alias « Ndakugarika » (« Je vais t’étendre raide mort » en langue nationale), ont été prises dès le début de la crise de 2015.
Rapidement, l’Union européenne suspend toute aide directe au gouvernement en mars 2016, un coup dur pour le pouvoir burundais qui perd ainsi son principal bailleur de fonds et voit s’envoler 430 millions prévus sur cinq ans. Mais c’est « sans effets » comme le disent à longueur de journée les communicants du régime.
Au contraire, l’Union européenne et ses États membres vont perdre toute influence dans le pays, au profit de la Chine et de la Russie. Les diplomates européens ne sont plus reçus dans aucun cabinet burundais, et sur le front des droits de l’homme, la répression contre l’opposition et la société civile s’accentue. C’est l’impasse.
Jusqu’à l’arrivée au pouvoir du général Evariste Ndayishimiye, qui a hérité après 15 ans de pouvoir du président Pierre Nkurunziza aujourd’hui défunt, dont cinq ans d’une grave crise politico-économique, d’un pays devenu l’un des plus pauvres au monde. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est ainsi passé de 65 à 75% durant cette période.
« L’Union européenne et ses États membres se sont rendus compte que les sanctions étaient contre-productives, le régime du CNDD-FDD a de son côté désespérément besoin d’argent frais. Ces deux-là sont aujourd’hui faits pour s’entendre », analyse un diplomate africain.
Source: Rfi Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée