Muhoozi Keinerugaba est le fils du président ougandais, Yoweri Museveni. Il est né en 1974, à l’époque où son père était engagé dans une rébellion soutenue par la Tanzanie visant à renverser le pouvoir autoritaire d’Idi Amin Dada.
Dès l’âge de 25 ans, le fils aîné de l’actuel président est enrôlé dans l’armée ougandaise et fréquente plusieurs écoles militaires, notamment la Royal Military Academy Sandhurst, l’école de formation des officiers de l’armée britannique.
Le projet dit « Muhoozi »
Pourtant, en 2011, quand Muhoozi Keinerugaba est promu au grade de colonel, les anciens camarades de guerre de Yoweri Museveni, notamment l’opposant Kyiiza Besigye, s’interrogent sur la place du fils du président.
Ils pensent alors que le père prépare son fils a la présidence et dénoncent ce qu’ils appellent le « projet Muhoozi ».
Mais si la dernière décennie a alimenté des soupçons sur les plans du président ougandais, Andrew Mwenda, un journaliste proche de la famille présidentielle, ne pense pas qu’il y ait péril en la demeure. Selon lui, « s’il y a des gens qui ont promu ce projet dit Muhoozi, c’est bien l’opposition ». Il ajoute : « En répétant que Museveni veut faire de son fils le futur président, cela a créé une prise de conscience chez de nombreux Ougandais sur le fait que Muhoozi se préparerait à la présidence ».
Déclaration d’ambition présidentielle
Au mois d’avril, alors qu’il célébrait son 48e anniversaire par des tournées à travers le pays avec ses supporters, Muhoozi Keinerugaba a publié un tweet qui disait : « Lorsque l’équipe Muhoozi prendra le pouvoir dans ce pays, ce qui est évident, le budget du secteur des sports sera revu à la hausse. Nous annoncerons bientôt notre programme politique ».
La Constitution ougandaise n’autorise pas les militaires à s’engager en politique. C’est pourquoi un juge a récemment demandé à la Cour constitutionnelle de poursuivre cette transgression.
Des airs de campagne électorale
Les différentes activités de Muhoozi Keinerugaba ressemblent en effet à une campagne pour les prochaines élections en 2026, avec notamment ses supporters qui portent des t-shirts avec sa photo et la mention : « Muhoozi, président de l’Ouganda en 2026 ».
Golooba Mutebi, un analyste politique ougandais précise: « Cela veut dire qu’il y a une complicité entre lui et ceux qui sont censés interdire cela. Il est illégal de s’engager dans des activités politiques en étant dans l’armée ».
« Il est donc dans l’illégalité de se retrouver avec tous ces gens qui portent ces t-shirts de campagne. Mais l’autre question est de savoir pourquoi son père ne l’empêche pas de le faire », s’interroge Golooba Mutebi.
En qualité de conseiller particulier du président Museveni, c’est Muhoozi Keinerugaba qui aurait, en janvier dernier, aidé son père et le président rwandais Paul Kagamé à se réconcilier après trois années de fermeture de frontières entre le Rwanda et l’Ouganda. Sur son compte Twitter, il n’hésite d’ailleurs pas à chanter les louanges du président rwandais :
Muhoozi Keinerugaba est aussi connu pour ses tweets en soutien à Vladimir Poutine et à l’invasion de l’Ukraine. Certains d’ailleurs y voient un risque d’incident diplomatique.
Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée