Un institut, consacré aux mutations au Maghreb et destiné à décrypter les événements politiques qui se bousculent dans cette partie du monde, vient d’être mis sur pied. Le Merian Center for Advanced Studies in the Maghreb (Mecam) sera basé à Tunis et dirigé par l’éminent politologue algérien Rachid Ouaissa.
Celui-ci explique : «En Tunisie et dans les pays du Maghreb se posent des questions qui sont aussi les nôtres : pour penser l’avenir de la démocratie et de l’Etat de droit, les migrations, le partage des ressources, la gestion des conflits ethniques, religieux ou dus aux inégalités sociales.»
Professeur spécialiste de la politique au Proche et Moyen-Orient à l’université Philipps de Marburg, Rachid Ouaissa devra chapeauter ce centre d‘études pour mieux comprendre les bouleversements que vivent les pays du Maghreb. Sous la ligne directrice «Imagining Futures : Dealing with Disparity» (Imaginer le futur : Faire face aux disparités), le Mecam se consacrera à l’étude de processus sociaux complexes qui se configurent sous l’effet de ce qui est appelé le Printemps arabe.
Le fait que cet institut soit implanté à Tunis n’est pas fortuit. C’est en Tunisie, explique-t-on, que le Printemps arabe s’est fait jour et qu’il a montré le plus d’effet. «La Tunisie est le seul pays de la région à avoir réussi sa transition vers la démocratie», déclare Habib Sidhom, président de l’Université de Tunis.
Et de poursuivre : «La liberté académique, la liberté d’opinion et la liberté de la presse ainsi qu’une société civile engagée créent un terrain fertile pour la recherche critique.» La Tunisie est ainsi, selon Rachid Ouissa, un point de départ idéal en tant qu’elle constitue «le laboratoire de l’avenir au Maghreb»– à l’ouest du monde arabe, au nord de l’Afrique et voisin du sud de l’Europe.
La recherche sera conduite selon cinq axes : inégalité et mobilité ; mémoire et justice ; esthétique et pratiques culturelle ; ressources et durabilité ; identités et croyances.
Selon le communiqué, le Mecam établira un programme de bourses à Tunis, permettant aux chercheuses et chercheurs d’Europe, des pays du Maghreb, du Proche-Orient et au-delà de se réunir pour mener librement leur activité scientifique, échanger avec leurs collègues, discuter leurs thèses et problématiques de recherche dans le cadre de séminaires ou de workshops, développer un réseau d’échange scientifique.
Un autre chantier important sera consacré à la communication scientifique, qu’il s’agisse de publications en libre accès ou d’autres moyens permettant de faire connaître les problématiques et les résultats de recherche et de rendre compte des débats au sein de la communauté scientifique et auprès d’un public plus large.
Source: El Watan/Mis en Ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée