Un procureur rwandais a requis lundi une peine d’emprisonnement à perpétuité contre Paul Rusesabagina, qui a été décrit dans le film « Hotel Rwanda » abritant des centaines de personnes pendant le génocide de 1994, au lieu d’une peine de 25 ans.
Rusesabagina, 67 ans, a été reconnu coupable en septembre de huit chefs d’accusation de terrorisme liés aux activités d’une organisation opposée au régime du président Paul Kagame et est détenu dans une prison rwandaise.
Il a nié toutes les accusations et refusé de participer au procès, que lui et ses partisans ont dénoncé comme une imposture à motivation politique. Il n’était pas présent au tribunal de Kigali lundi pour entendre le parquet entamer son appel contre sa condamnation, choisissant de rester en prison.
« Nous ne sommes pas d’accord avec la décision de condamner Rusesabagina à 25 ans d’emprisonnement au lieu de la réclusion à perpétuité », a déclaré le procureur Jean Pierre Habarurema au tribunal.
« Compte tenu de l’importance des accusations dont Rusesabagina a été reconnu coupable et de l’impact de ces crimes sur les personnes et leurs biens, il ne devrait pas être condamné à une peine clémente. Il devrait être condamné à la réclusion à perpétuité », a-t-il déclaré.
Rusesabagina a reconnu avoir joué un rôle de premier plan dans le Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), mais a nié toute responsabilité dans les attaques menées par sa branche armée, le Front de libération nationale (FLN). Les juges de première instance ont déclaré que les deux groupes étaient indiscernables.
Dans le film de 2004, Rusesabagina était représenté risquant sa vie pour abriter des centaines de personnes dans l’hôtel qu’il dirigeait dans la capitale rwandaise pendant le génocide de 100 jours, lorsque des extrémistes hutus ont tué plus de 800 000 Tutsis et Hutus modérés.
Le film hollywoodien a donné à Rusesabagina une grande visibilité sur la scène internationale, qu’il a ensuite utilisée pour mettre en évidence ce qu’il a décrit comme des abus du gouvernement de Kagame.
Kagame, au pouvoir depuis 1994, nie les accusations et a bénéficié du soutien des donateurs occidentaux pour restaurer la stabilité et stimuler la croissance économique. Cependant, les groupes de défense des droits de l’homme décrivent l’affaire Rusesabagina comme faisant partie d’un schéma d’intimidation des opposants.
Source : Reuters Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée