Un rapport de Ressource Matters et le Groupe d’Etude sur le Congo (GEC) affirme qu’il n’y aurait aucune garantie que l’électricité produite bénéficie aux Congolais. La direction du projet dément ces conclusions.
Le barrage Inga III fait rêver la RDC. Ce projet de 14 milliards de dollars doit générer au moins dix gigawatts et ainsi quadrupler la production d’électricité du pays.
Mais deux organisations ayant consulté les documents relatifs au projet, à savoir l’ONG belge Ressources Matters et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), un centre de recherche rattaché à l’université de New York, affirment que la population locale congolaise risque d’être en grande partie privée de cette électricité.
Il n’y aurait aucune garantie et cinq gigawatts auraient même déjà été promis à l’Afrique du Sud.
Elisabeth Caessens, travaille pour Ressource Matters, elle estime que « le projet Inga III fait rêver beaucoup de Congolais qui n’ont aujourd’hui pas d’électricité ».
Donc la question qu’on se pose poursuit-elle « c’est justement dans ce projet gigantesque quelle sera la partie qui sera réservée à la population qui souffre d’un déficit énergétique très important. A l’heure actuelle on parle de 9% peut-être de la population qui a accès à l’électricité, donc il faudra trouver ce juste équilibre pour que ce projet puisse se faire », souligne Elisabeth Caessens.
Deux consortiums, le groupement Chine Inga et le groupe ProInga, majoritairement espagnol, ont signé fin 2018 avec l’ancien gouvernement de Joseph Kabila un accord pour développer le projet.
A ce stade, tout reste à financer. Ressources Matters et le GEC appellent l’actuel président Félix Tshisekedi à être prudent dans les négociations à venir pour que le projet Inga III puisse aider à électrifier une bonne partie de la RDC.
6.000 mégawatts pour la population congolaise
Réagissant au rapport de ces deux organisations, l‘Agence pour le développement et la promotion du projet grand Inga (ADPI), une structure rattachée à la présidence de la République, affirme que ce projet est avant tout une affaire de politique nationale.
Patrick Kabuya est chargé de communication de l’ADPI, il explique que » c’est un projet de 11.050 mégawatts. Sur ces 11.000 mégawatts il y en a 6.000 qui seront prévus pour les besoins internes. 3.000 mégawatts sur les 6.000 seront prévus pour les industries et ménages pour la ville de Kinshasa et la province du Kongo-Central (Sud -Ouest). Les autres 3.000 seront pour les miniers de l’ex-province du Katanga. C’est un projet congolais pour des Congolais et par des Congolais. Je ne vois pas pourquoi on devrait oublier la population congolaise », déclare le responsable de la communication de l’ADPI.
Plusieurs partenaires dont l’Afrique du sud, la Chine, l’Egypte, l’Espagne et la Banque africaine de développement ont manifesté leur intérêt pour le financement de la construction de ce barrage.
La banque mondiale avait suspendu en juillet 2016 sa contribution de 73 millions de dollars qui consistait essentiellement à financer l’expertise technique du projet.
Selon les promoteurs du projet, le barrage hydroélectrique d’Inga III aurait pour ambition de fournir du courant « à l’Afrique tout entière ».
Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-tshiess Makaya-exaucée