Le frère du roi de Belgique a rejoint vendredi un débat tumultueux sur son passé en déclarant que le roi Léopold II, sous le règne duquel des millions de Congolais ont été tués ou mutilés, n’aurait pas pu « faire souffrir les gens » car il n’a jamais rendu visite à son colonie.
Les statues de Léopold, qui a régné sur ce qui est maintenant la République démocratique du Congo pendant 23 ans jusqu’en 1908, ont été effacées par les militants depuis que les manifestations antiracistes contre le meurtre par la police de l’Américain noir George Floyd sont devenues mondiales.
Le prince Laurent, frère du roi Philippe, a déclaré à l’agence Sudpresse que des abus avaient eu lieu dans l’État libre du Congo, fief personnel de Léopold et source de richesse, mais que Léopold n’était pas à blâmer.
« Il n’est jamais allé lui-même au Congo », a-t-il dit. Je ne vois donc pas comment il aurait pu faire souffrir les gens là-bas. »
Mais la Belgique a commencé à débattre de ce qui s’est passé.
Adam Hochschild, auteur du best-seller «Le fantôme du roi Léopold», a conclu qu’environ la moitié de la population de l’État libre du Congo a péri sous le roi. Les villages qui ont manqué les quotas de collecte de caoutchouc ont été faits pour fournir des mains coupées à la place.
Joachim Coens, président des démocrates-chrétiens flamands, a déclaré au radiodiffuseur VRT qu’il était temps que la Belgique, et de préférence le roi lui-même, aborde la question.
« Il doit être reconnu que cela a été un problème à certains égards », a-t-il déclaré jeudi soir.
Le journal national Le Soir a mené son édition de vendredi avec le titre «Léopold II, le roi énervant le palais».
La maison royale a déclaré qu’elle n’avait jamais commenté les déclarations des dirigeants politiques.
Une chronologie de Léopold II sur son site Web contient une référence aux «abus», ajoutant: «Suite aux excès commis par les Européens en Afrique, la réputation de Léopold et son projet à l’étranger ont été remis en question.»
Un buste de Léopold à Bruxelles est devenu le dernier en date à être endommagé, retiré de son socle par des militants du jour au lendemain.
«Ce n’est pas ainsi que nous procédons dans une démocratie. Ce n’est pas ainsi que nous remettons l’histoire sur la bonne voie », a déclaré à la RTBF le maire d’Auderghem, Didier Gosuin.
Source: Reuters Afrique/Mis en : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée