A la veille de l’ouverture de la Saison des cultures africaines en France, le management interculturel était au programme des Rencontres d’affaires francophones. Avec les 700 millions de francophones escomptés d’ici 2050, l’Hexagone entend bien relancer sa diplomatie culturelle pour poser les bases d’une francophonie économique encore embryonnaire.
Le 28 novembre dernier, les Rencontres d’affaires francophones internationales ont réuni les acteurs du secteur privé, tous domaines d’activité confondus, autour du management interculturel placé sous le signe de la francophonie.
« Nous existons depuis 13 ans et nous avons beaucoup œuvré pour accompagné les PME et PMI sur le continent, en particulier en Tunisie et au Maroc, mais aussi au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Congo, à Djibouti ou au Sénégal », déclare David Kassar, président de Mission Internationale, à la manœuvre dans l’organisation de cet événement annuel.
« Notre valeur ajoutée repose sur notre Marketplace qui regroupe l’ensemble des acteurs internationaux, privés comme institutionnels tels que Business France, le CIAN, les CCI France International, les Chambres de commerce franco-arabes […] Ensemble, nous parvenons à apporter des solutions aux PMI et PME qui cherchent à développer leur chiffre d’affaires à l’international », poursuit-il.
Cette édition 2019 a été ponctuée par plusieurs ateliers consacrés aux financements institutionnels, aux garanties de paiement, à la connectivité régionale ou encore à la santé d’une part, mais aussi par un certain nombre de « focus-pays » consacrés au Maroc, à la Tunisie et à la Côte d’Ivoire, d’autre part.
Quelle place pour la francophonie économique ?
En 2050, l’Afrique abritera 85 % des locuteurs francophones et, à ce jour ce sont déjà 150 millions d’entre eux, qui sont établis sur le continent, contre 100 millions en Europe. Un mouvement qui devrait sensiblement se renforcer dans les années à venir.
Selon l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le nombre de francophones va passer de 274 millions aujourd’hui, à 715 millions à l’horizon 2050 (soit 8 % de la population mondiale), pour faire du français, la deuxième langue la plus parlée au monde, juste derrière le mandarin. Autant dire que l’Afrique est devenue la clé de la francophonie mondiale. Pourtant, l’anglais domine encore largement le monde du business international et le français ne représente que 20 % des échanges commerciaux à l’échelle mondiale.
« La francophonie économique reste largement à construire et c’est d’abord un projet politique et culturel », introduit Jean-Marc Berthon, le directeur de cabinet de Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF. « Cette francophonie économique est indispensable, même si l’on n’est pas encore à l’échelle. Ce sont les institutions qui n’ont pas réussi à y donner assez de corps », reconnaît Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui promet par ailleurs qu’à l’occasion du 50e anniversaire de l’OIF en 2020, il faudra : « construire une vraie feuille de route ».
Une diplomatie culturelle en perte de vitesse
Alors que le français se fait de plus en plus rare en matière diplomatique, le monde de l’entrepreneuriat mise sur la francophonie pour tirer son épingle du jeu du commerce mondial. « L’une des forces des entreprises de l’hexagone, c’est le français. Il faut capitaliser sur les 700 millions de francophones attendus d’ici 2050, car on est toujours plus à l’aise pour négocier un contrat dans sa langue natale. La francophonie est, du reste, davantage un comportement qu’une simple question de langage. Dans les affaires, les chiffres seuls ne suffisent pas, il faut prendre en compte la dimension relationnelle (…) Nous devons donc maintenir la présence culturelle française, notamment en Afrique », estime Etienne Giros du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN).
Or, c’est bien là où le bât blesse. En effet, la France a perdu du terrain sur le continent à force de réductions budgétaires qui ont sensiblement impacté le soft power français. Un écueil que le président Macron cherche désormais à combler. Dès le discours de Ouagadougou en 2017, il annonce la Saison des cultures africaines qui s’ouvrira en 2020.
En 2019, après sept années de baisse budgétaire enregistrée par l’Institut français, les fonds qui lui sont attribués, sont de nouveau à la hausse (+6%). Ce sont 34 millions d’euros qui ont été consacrés à l’action culturelle française dans le monde, pour maintenir des positions particulièrement menacées par la multiplication des Instituts Confucius et par l’impact de la chaîne chinoise CCTV sur le continent. « Les principaux concurrents des Français au Maghreb ce sont les pays asiatiques bien sûr, mais il y a aussi l’Espagne ou l’Italie. C’est une concurrence européenne qui est rude », prévient quant à lui Vincent Reina, le président Chambre de commerce franco-arabe dès l’ouverture de ces rencontres francophones.
Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée