Le maréchal Khalifa Haftar, qui tente depuis le 4 avril de s’emparer de la capitale libyenne, a annoncé vendredi soir la « mobilisation générale » et le « jihad » contre une éventuelle intervention militaire turque en Libye en soutien au gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli.
« Nous acceptons le défi et déclarons le jihad et la mobilisation générale », a déclaré l’homme fort de l’est libyen, dans un discours retransmis par la télévision al-Hadath acquise à sa cause.
En uniforme militaire, le maréchal Haftar a exhorté « tous les Libyens » à porter les armes, « hommes et femmes, militaires et civils, pour défendre notre terre et notre honneur ». « Resserrons nos rangs et laissons de côté nos divergences », a-t-il lancé.
Motion des députés turcs
« L’ennemi regroupe ses forces pour envahir la Libye et asservir notre peuple » et a trouvé « parmi les traîtres ceux qui ont signé avec lui un accord de soumission, d’humiliation et de honte », a-t-il dit, en référence à un accord militaire signé fin novembre entre Ankara et le GNA.
Les députés turcs ont approuvé jeudi une motion permettant au président Recep Tayyip Erdogan d’envoyer des militaires en Libye pour soutenir le GNA, dont les troupes combattent les forces de l’homme fort de l’est libyen, le maréchal Khalifa Haftar qui tente de conquérir Tripoli.
Depuis avril, les forces pro-GNA maintiennent leurs positions au sud de la capitale, où se concentrent les combats.
« Colonisateur »
Il ne s’agit plus « de libérer Tripoli » des milices qui la contrôlent, selon le maréchal Haftar, mais désormais de « faire face à un colonisateur » qui veut « reprendre le contrôle de la Libye », ancienne province de l’empire ottoman.
S’adressant au peuple turc « ami », il a appelé à un soulèvement contre le président turc Recep Tayyip Erdogan, qu’il a qualifié d’ »aventurier insensé », poussant son armée « à la mort » et attisant le feu de la discorde entre les musulmans et les peuples de la région « pour satisfaire ses caprices ».
L’Union africaine inquiète
Le chef de l’Union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, s’est dit vendredi inquiet d’une potentielle « interférence » en Libye après la décision de la Turquie de déployer des troupes dans ce pays plongé dans le chaos.
« Les différentes menaces d’interférence politique ou militaire dans les affaires internes du pays augmentent le risque de confrontation, avec des motivations qui n’ont rien à voir avec les intérêts fondamentaux du peuple libyen et ses aspirations à la liberté, la paix, la démocratie et le développement », selon son communiqué.
Le chef de l’UA a également demandé à la communauté internationale de se joindre à l’Afrique dans la recherche d’un règlement pacifique de la crise en Libye, mettant en garde sur ses « conséquences dangereuses » pour l’ensemble du continent.
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à des luttes d’influence et deux autorités se disputent aujourd’hui le pouvoir: le GNA soutenu par l’ONU et un gouvernement et un Parlement dans l’est libyen acquis au maréchal Haftar.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée