Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a nommé mercredi un vétéran de l’Organisation, l’Italien Staffan de Mistura, 74 ans, comme nouvel émissaire pour le conflit au Sahara occidental, après le rejet depuis mai 2019, date à laquelle le poste était devenu vacant, d’une douzaine de candidats par le Maroc ou le Front Polisario.
En annonçant cette nomination, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, s’est félicité d’un « signal positif » après plus de deux ans de recherche d’un candidat et « 13 noms » proposés par le chef des Nations unies aux deux parties au conflit.
Treizième de la liste, Staffan de Mistura, rejeté en mai par le Maroc qui a fait machine arrière récemment pour finalement l’accepter − sous la pression américaine selon des diplomates −, doit prendre ses fonctions le 1er novembre. Il sera basé à Bruxelles où il réside, selon l’ONU.
Le Front Polisario s’est dit dans un communiqué « impatient de dialoguer » avec le nouvel émissaire « sur la façon dont il compte accomplir sa mission dans le but de permettre au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit légitime et inaliénable à l’autodétermination et l’indépendance ».
Dans un communiqué, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’est félicité de la nomination du nouvel émissaire. « Nous soutiendrons activement ses efforts pour promouvoir un avenir pacifique et prospère pour le peuple du Sahara occidental et de la région » et pour une « reprise du processus politique », a-t-il dit, sans mentionner la reconnaissance de souveraineté du Maroc sur l’ensemble de ce territoire accordée en 2020 par l’ex-président américain Donald Trump.
Selon un responsable de l’ONU s’exprimant sous couvert d’anonymat, Washington a tout intérêt à « rester dans l’ambiguïté ». « Ça les arrange. Ils ne peuvent pas annuler la décision de Trump sans altérer la relation créée en échange entre le Maroc et Israël. Et ils ne peuvent pas la confirmer, car cela irait à l’encontre des résolutions de l’ONU », indique-t-il à l’AFP, en estimant que « l’ambiguïté leur permet de faire pression sur le Maroc ».
Minurso à renouveler
La mission de paix Minurso au Sahara occidental, objet d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité le 13 octobre, doit être renouvelée le 27 octobre, a priori pour un an.
Fort de « plus de quarante ans d’expérience en diplomatie et affaires politiques », selon les termes d’un communiqué de l’ONU, le nouvel émissaire succède à l’ex-président allemand Horst Köhler, démissionnaire en mai 2019 après avoir relancé des discussions entre le Maroc et le Polisario, en présence de l’Algérie et de la Mauritanie, mais qui n’avaient abouti à aucun résultat tangible.
Parlant anglais, français, allemand, italien, espagnol, suédois et arabe, Staffan de Mistura a notamment été au cours de sa carrière l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie (2014-2018) et le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Irak (2007-2009) et en Afghanistan (2010-2011).
La question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole, considérée comme un « territoire non autonome » par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.
Le Maroc, qui contrôle près de 80 % de ce vaste territoire désertique au riche sous-sol et bordant des eaux poissonneuses, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Le Polisario, lui, réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide des Nations unies qui avait été prévu lors de la signature d’un cessez-le-feu en septembre 1991, mais qui n’a jamais été mis en œuvre.
Source: Le Monde Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée