Le nouveau président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, suggère que tout reste encore à faire pour sécuriser le Sahel, une région déstabilisée depuis des années par une kyrielle de groupes terroristes, dont une partie se revendique de Daech et une autre d’Al Qaîda.
Dans un entretien accordé hier au quotidien français Le Monde, il estime d’ailleurs que «la situation n’est pas bonne du tout» actuellement. Même si pour lui «beaucoup d’efforts sont faits par la communauté internationale et par les pays de la région», il n’en demeure pas moins qu’il «pense que la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad) n’a pas eu ce qu’elle mérite ni ce qui lui avait été promis». D’où la difficulté rencontrée par la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Les pays de la région parviendront-ils à enrayer les violences ? Mohamed Ould Ghazouani s’est dit convaincu qu’«ils y parviendront». «Nous, les Mauritaniens, étions dans la même situation il n’y a pas si longtemps. Face à ce genre de menaces, il faut être suffisamment préparé. Et pour le moment, ce n’est pas bon. Mais cela ne veut pas dire que c’est définitif. D’une certaine façon, une bataille a été perdue, mais il y a encore du temps pour se réorganiser et prendre les mesures nécessaires. Il faut de la volonté, cela se crée, et ça commence par de la volonté politique», a-t-il expliqué.
La mort du G5 Sahel ?
A la question de savoir s’il est vraiment utile de garder la force du G5 Sahel, le président mauritanien a répondu que «personne n’a intérêt à revenir en arrière alors qu’une dynamique a été créée». «Le G5 est un regroupement (d’armées sahéliennes) qui réussit bien. Si on fait le bilan, malgré ses difficultés et au regard de sa jeunesse, ce n’est pas mal du tout. Personnellement, je n’ai aucun doute sur l’efficacité du G5.
Le temps n’est pas au beau fixe, mais si on comparait le G5 à d’autres (forces conjointes), on ne le trouverait pas en deçà de leur niveau», a-t-il ajouté. Mohamed Ould Ghazouani, qui a souvent regretté le niveau exorbitant des dépenses consacrées par les pays du Sahel à la sécurité, n’entend cependant pas réduire le budget de la défense de la Mauritanie au profit du social. «J’ai dit cela pour attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation des pays du Sahel, qui dépensent beaucoup d’argent pour ce secteur.
En temps normal, l’accent serait mis sur le social. Mais sachant que l’on ne peut pas faire de développement sans une situation de sécurité convenable, pour ce qui nous concerne, nous n’allons pas diminuer le budget consacré à notre sécurité», a-t-il expliqué. Invité à se prononcer sur la remise en cause au Mali et au Burkina Faso de la présence militaire française et notamment de la force «Barkhane», le président mauritanien a répondu : «Je ne peux pas me permettre de donner des leçons à la France. Ce n’est pas mon rôle de dire si ‘‘Barkhane’’ doit partir ou rester.»
Décalage et mésentente
Au plan interne, Mohamed Ould Ghazouani a confirmé qu’il existait des divergences avec son prédécesseur, Mohamed Ould Abdel Aziz. Il a tenu toutefois à préciser que cette mésentente n’est pas aussi importante qu’on le dit. «Certains pensent qu’il existe un fossé profond entre l’ancien président Abdelaziz et moi.
Je ne lui donne pas cette ampleur. Je ne cache pas qu’il existe un décalage entre nos visions et nos appréciations d’une situation donnée, mais je pense que c’est l’environnement politique qui lui a donné plus d’importance qu’elle n’en a réellement», a-t-il assuré. Selon lui, ces divergences ont été amplifiées par tous les Mauritaniens. «Je n’épargne pas mes efforts pour calmer tout ça», a-t-il néanmoins indiqué. Cet épisode est-il clos ? «Je ne sais pas. Je sais qu’il va devoir se terminer et j’espère bien qu’il se terminera d’une façon qui convient à tout le monde», a-t-il renchérit.
Source: El Watan /Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée