Un navire militaire espagnol est parti mardi pour Lampedusa afin de récupérer les migrants à bord de l’Open Arms, dont plusieurs se sont jetés à l’eau dans un geste désespéré pour rallier à la nage l’île italienne.
Stationnés depuis jeudi à quelques centaines de mètres des côtes de Lampedusa, ces migrants se sont vus refuser l’accès de l’île par les autorités italiennes, même si six pays européens (France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne) se sont engagés à les accueillir.
Secourus au large de la Libye par l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, certains de ces migrants sont à bord du bateau depuis 19 jours, égalant ainsi le record des migrants secourus par le SeaWatch3 fin décembre avant leur débarquement à Malte le 9 janvier dernier.
L’Audaz, le navire militaire envoyé par Madrid, est parti à 18H30 (16H30 GMT) de la base de Rota (sud) avec 62 personnes à son bord.
« Il naviguera pendant trois jours jusqu’à Lampedusa où il prendra en charge les personnes recueillies par l’Open Arms » afin de les amener jusqu’au port de Palma de Majorque aux Baléares, a indiqué le gouvernement espagnol dans un communiqué.
« Grâce à cette décision, l’Espagne résoudra cette semaine l’urgence humanitaire » à bord du navire, s’est félicité le chef du gouvernement socialiste espagnol, Pedro Sanchez, sur Twitter.
Dans un geste désespéré, quinze migrants, certains sans gilets de sauvetage, se sont jetés à la mer mardi pour tenter de rejoindre Lampedusa à la nage. Selon une porte-parole de l’ONG, ils ont été « secourus » par les garde-côtes italiens et amenés sur l’île.
« La situation est hors de contrôle », a indiqué sur Twitter l’ONG, dont le bateau comptait 147 migrants à bord à son arrivée près de Lampedusa et un peu plus de 80 désormais après l’évacuation vers Lampedusa des migrants ayant sauté à l’eau mardi et de plusieurs dizaines de mineurs ou de malades.
Face au refus du ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini de les laisser débarquer, Madrid avait fini par proposer dimanche à l’Open Arms de rejoindre Algésiras, dans l’extrême sud de l’Espagne, puis les Baléares, plus proches mais toujours distantes d’un millier de kilomètres de Lampedusa.
L’ONG a balayé ces deux propositions en raison des jours de mer nécessaires pour rallier ces différents ports, avant que Madrid ne propose finalement de venir prendre en charge directement les migrants à Lampedusa.
Peu de temps après son arrivée au pouvoir en juin 2018, Pedro Sanchez avait frappé un grand coup en accueillant les 630 migrants de l’Aquarius, refusés par l’Italie et Malte, et en laissant accoster à plusieurs reprises l’Open Arms. Mais il avait également refusé de recevoir à nouveau l’Aquarius.
– Passe d’armes –
Le sort des migrants de l’Open Arms a tourné à la passe d’armes entre Madrid et Matteo Salvini, accusé de vouloir tirer profit de cette affaire en pleine crise politique à Rome, où le gouvernement populiste, torpillé par le patron de la Ligue (extrême droite), a chuté mardi.
Conspuant une nouvelle fois M. Salvini, dont elle avait taxé lundi la position vis-à-vis de l’Open Arms de « honte pour l’humanité », la ministre espagnole de la Défense Margarita Robles a jugé mardi que « les vies humaines ne lui importaient pas ».
« Face à l’urgence humanitaire, personne ne peut détourner le regard. Nous n’allons pas le faire, contrairement à Salvini », a-t-elle encore dit.
« La fermeté est l’unique façon d’éviter à l’Italie de redevenir le camp de réfugiés de l’Europe, comme le démontre encore ces heures-ci le bateau de l’ONG espagnole des faux malades et des faux mineurs », a martelé pour sa part M. Salvini sur Twitter.
Un autre navire humanitaire, l’Ocean Viking affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, cherche lui aussi à débarquer dans un port sûr 356 migrants. Il est actuellement au nord-est de Malte.
Source: AFP/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée