L’Afrique fait face à de multiples défis qui nécessitent un secteur de sécurité dont les compétences sont clairement articulées. Il s’agit de conjuguer défense de l’ordre et libertés sans que ces deux piliers de la modernisation des Etats soient porteurs d’instabilité, soutient le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh.
La tenue de la 10e retraite de haut niveau sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité, mardi dernier à Djibouti, intervient dans un contexte géopolitique particulier. Nous assistons à une combinaison de menaces sécuritaires et de défis politiques. Une combinaison qui a entraîné l’apparition des tensions, suivies de conséquences non négligeables pour l’Afrique.
Aussi, la Commission paix et sécurité de l’Union africaine, présidée par le diplomate algérien Smaïl Chergui, a organisé la rencontre dans le but de mener justement une réflexion sur cette problématique. L’objectif de cette retraite était d’examiner particulièrement les instruments et les partenariats existants dont dispose l’UA en matière de réforme et de gouvernance du secteur de la sécurité, ainsi que leur efficacité dans l’optique de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits, a précisé l’UA dans un communiqué.
Il a donc été question du rôle fondamental que joue le nouveau concept de «réforme du secteur de la sécurité», en appui à la prévention des conflits et au renforcement de la résilience des institutions pour une paix durable. Ainsi, après la mise en place du projet Architecture africaine pour la paix et la sécurité (APSA), un audit objectif des réformes entreprises a été mené sur le terrain où les conflits ethniques et tribaux sont encore légion dans certaines régions du continent.
Dans son allocution d’ouverture, Smaïl Chergui a parlé d’une fragmentation des conflits suivie d’une ingérence étrangère en Afrique. Il a appelé de ses vœux que «les conflits africains soient réglés par les Africains eux-mêmes».
Il a évoqué «l’urgence d’une stabilisation et d’une transformation des conflits grâce à la mise en place de la réforme du secteur de la sécurité, dont le principe repose sur la bonne gouvernance et la coordination entre les différents acteurs». La crédibilité, la durabilité et la capacité de construire doivent être, selon lui, les principes clés de cette réforme. Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine, a quant à lui situé le contexte mondial dans lequel évolue le continent.
Il a estimé que le multilatéralisme comme approche doit prévaloir pour préserver la paix et la sécurité dans le monde et particulièrement en Afrique. Lui succédant, Jakkie Cilliers, responsable de l’innovation et perspectives au niveau de l’Institut des études et sécurité en Afrique du Sud, a évoqué le processus de stabilisation, de médiation et résolution de conflits. Il a soutenu que le concept de réforme du secteur de la sécurité doit être introduit au sein même des programmes des gouvernements.
17 stratégies et autant d’acteurs au Sahel
Une session entière a focalisé sur les menaces nationales et transnationales actuelles et les moyens d’y remédier. A ce sujet, le représentant de l’UA pour le Mali et Sahel, le président Pierre Buyoya, a insisté sur la relation qui doit exister entre démocratie et développement, et le rôle que doit jouer l’élite dans la résolution des conflits.
En ce qui concerne la situation au Sahel, l’ambassadeur Angel Losada, représentant de l’Union européenne, a révélé que plus de 17 stratégies sont élaborées et autant d’acteurs opérant dans la région ; ce qui crée vraiment une situation ingérable. Mais de l’avis du diplomate espagnol, la multiplication des initiatives et des stratégies peut être une opportunité pour trouver une solution et un consensus, à condition qu’il y ait une parfaite coordination entre les différents acteurs.
Le diplomate algérien Ramtane Lamamra, qui retrouve naturellement sa place au sein de l’UA en qualité de représentant de l’initiative «Faire taire les armes à l’horizon 2020», a réitéré pour sa part les efforts de l’UA pour mettre un terme à l’usage des armes en tout genre. Il s’agit, a-t-il dit, «de créer et d’inculquer la culture de la paix et de la sécurité dans les esprits». La mise en place du concept de réforme du secteur de la sécurité, a-t-il ajouté, doit intégrer les éléments culturels et politiques.
Une présence algérienne remarquable
Il a aussi été question au cours de cette session de développer les concepts «d’appropriation, d’inclusivité et de durabilité». C’est ce qui a été développé dans l’exposé du secrétaire général adjoint des Nations unies, Jean-Pierre Lacroix.
La présence algérienne à cette retraite est également rehaussée par la présence de Leila Zerougui, cheffe de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République du Congo qu’elle a réussi à stabiliser. Elle y a par ailleurs organisé des élections malgré toutes les embûches, les entraves et un environnement hostile et corrompu qui règne dans cette partie de l’Afrique.
Il y a lieu de noter également la présence de l’ancien diplomate algérien et ancien envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la région des Grands Lacs, Saïd Djinit. Il a présidé les travaux de la session portant sur les principes d’efficacité, de collaboration, de cohérence, de coordination et de complémentarité dans la mise en œuvre des accords de paix en Afrique. Saïd Djinit est actuellement consultant international.
Il est dommage que tous ces grands experts algériens qui travaillent dans le privé ou pour le compte d’institutions internationales ne soient pas mis à contribution pour redorer le blason de l’Algérie. C’est un gâchis lorsque l’on sait que la relève tarde à venir et que les années 2020 et 2021 seront extrêmement chargées d’enjeux importants pour l’Algérie au niveau régional et africain.
Source: El watan/Mis en ligne : Lhi-tshiess Makaya-exaucée