Malbouffe et famine, les deux faces de l’Afrique

Courrier international Alex Ballaman, Suisse.

Le Symposium international sur l’avenir de l’alimentation souligne que les Africains sont confrontés à plusieurs déséquilibres alimentaires. Sur le continent, des obèses cohabitent avec des sous-alimentés…

Si l’on a vendu à l’Afrique le miracle d’un saut technologique permettant aux citoyens d’accéder au mobile banking sans passer par la case minitel, il est un autre bond qu’elle devrait s’abstenir de franchir. Tenu à Rome en ce début de semaine, le Symposium international sur l’avenir de l’alimentation souligne que le continent risque de passer directement de la sous-alimentation coutumière à la malbouffe généralisée. Ceux qui manquent de nutriments et ceux qui en sont saturés cohabitent déjà.

Les différents rapports de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) établissent que 24% de la population subsaharienne est sous-alimentée – 32% en Afrique centrale, 12% en Afrique de l’Ouest –, tandis que 12% des adultes de cette zone géographique sont obèses. Alors que le taux d’« affamés » est le plus élevé au monde, le ratio des Africains en surpoids significatif et l’un des plus faibles de la planète. Mais ce dernier est en croissance…

Fast-foods en pagaille

Autant que sous le prisme d’une américanisation de la culture, c’est dans le sillage du rouleau compresseur calorique que se déploie l’occidentalisation des modes de vie. Dans un premier temps, c’est dans les pays du Maghreb et de l’Afrique anglophone qu’apparaissaient, parcimonieusement, des fast-foods comme Burger King ou McDonald’s. Désormais, c’est sur l’ensemble du continent que des enseignes comme KFC ou Pizza Hut s’implantent sur un rythme vertigineux : Kenya, Afrique du Sud, Égypte, Ghana, Côte d’Ivoire ou encore Maroc.

DE L’HUILE POUR LE MOTEUR ET DE L’HUILE POUR LES ARTÈRES…

Aux franchises traditionnelles s’ajoutent des investissements plus directs, des associations avec des producteurs avicoles locaux ou des partenariats avec des groupes comme Vivo Energy en Côte d’Ivoire. Le distributeur de carburant suggérera à ses clients de faire aussi le plein de fried chicken estampillé KFC. De l’huile pour le moteur et de l’huile pour les artères…

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Pour contrer l’invasion des burgers exogènes, des entrepreneurs du continent lancent des chaînes locales de fast-food, comme Tantalizers qui possède déjà 59 restaurants au Nigeria.
À l’échelle du monde, le nombre de personnes obèses devrait bientôt dépasser le nombre de personnes souffrant de la faim, ce dernier chiffre s’élevant à 821 millions, selon les statistiques de 2017. Sur toute la planète, et dans les zones urbaines de l’Afrique singulièrement, l’objectif est moins de produire davantage de nourriture que de produire davantage de nourriture saine, avec moins de graisse saturée, moins de sucre raffiné, moins de sel et moins d’additifs chimiques.

Source: Jeune Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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