Des acteurs politiques et de la société civile, dénoncent le caractère « non inclusif » du gouvernement formé par le Premier ministre Choguel Maïga.
« Nous sommes engagés dans une véritable course contre la montre. Les Maliens nous observent et comptent sur la réussite de cette transition qui, pour beaucoup d’entre eux, semble être celle de la dernière chance pour sauver la Nation », a déclaré Choguel Kokalla Maïga, lors de son premier conseil de cabinet.
Le nouveau Premier ministre de transition a fixé pour priorités à son gouvernement « l’amélioration de la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation d’élections crédibles » ou encore la prise en compte des demandes sociales.
Il a également promis de « créer les conditions » d’une réforme de la loi électorale, de poursuivre la révision de la Constitution, de mener une « lutte implacable contre la corruption », d’engager de « véritables poursuites judiciaires » contre les responsables des évènements de juillet 2020 quand plusieurs personnes avaient été tuées dans la contestation qui allait conduire au putsch renversant le président Ibrahim Boubacar Keïtaen août.
Relecture de l’accord d’Alger
Le chef du gouvernement, Choguel Maïga, a dit vouloir procéder à une « relecture intelligente » de l’accord de paix signé en 2015 par une alliance d’anciens groupes armés indépendantistes touareg et nationalistes arabes qui avaient combattu les forces maliennes dans le Nord à partir de 2012, par le gouvernement malien et par une coalition de groupes armés loyale au pouvoir.
Selon lui, les « principes fondamentaux » de cet accord politiquement important seront respectés.
Non inclusivité
Le Premier ministre de transition, Choguel Maïga avait laissé entendre quelques heures après l’officialisation de sa nomination qu’il avait “ bon espoir de former un gouvernement de consensus et d’inclusivité. »
Mais à l’arrivée, la charte de la transition qui avait fixé le nombre de départements ministériels à 25 n’a pas été respecté.
Amadou Aya, secrétaire général adjoint de la Convergence pour le développement du Mali (Codem) indique que « de 25, ils sont partis à 28 départements ministériels. Nous avons aussi remarqué que ce n’est pas un gouvernement tel que prôné par la communauté internationale, mas aussi tel que prôné par le président de la transition, Assimi Goita, qui avait parlé de l’inclusivité. C’est un gouvernement essentiellement composé des membres du M5-Rfp, le mouvement du 05 juin-rassemblement des forces patriotiques, mais aussi des militaires et des proches des militaires.”
Peu de femmes dans l’équipe
Parmi les 28 ministres nommés, l’on dénote la présence de cinq femmes. Soit 17% de femmes. Ce chiffre est très loin des 30% que prévoit la loi 052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives au Mali.
« De manière générale, la société malienne que nous sommes, nous ne sommes pas encore prêts. Nous n’avons pas encore compris que le respect des droits humains passe par l’offre politique aux femmes de participer pleinement à la vie de la nation. Ce sont des questions de développement, des questions d’émergence, des questions de stabilité. Si cela n’est pas compris, c’est très malheureux », affirme Coumba Bah, militante des droits des femmes.
Une présence critiquée
Issa Bengaly est le secrétaire administratif de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Il regrette pour sa part, la présence de deux syndicalistes au sein du gouvernement formé par Choguel Kokalla Maïga.
« Du moment que nous nous déposons des doléances auprès du gouvernement, si nous sommes dans le gouvernement, on ne peut pas être juge et arbitre à la fois. Je ne vois pas vraiment avec la vocation syndicale, comment on peut être dans le gouvernement. Parce qu’on ne peut pas faire le syndicalisme et être dans le gouvernement à la fois. C’est une question de choix. On ne peut pas être juge et partie », soutient-il.
Avec au moins six portefeuilles ministériels, le M5-Rfp signe une entrée remarquée dans le gouvernement de transition.
Quant aux militaires au pouvoir, ils conservent les postes stratégiques de la Défense, de la Sécurité, de l’Administration territoriale ou encore des Mines.
Source : Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée