Les prochaines élections présidentielle et législatives au Mali auront lieu en février et mars 2022, ont indiqué jeudi les autorités de transition dominées par les militaires. Un référendum sur la réforme de la Constitution sera également organisé fin octobre 2021.Ces échéances électorales visent à rendre le pouvoir aux civils après le coup d’État d’août dernier.
Les militaires maliens devraient avoir rendu le pouvoir aux civils d’ici mi-2022. Les autorités de transition dominées par les militaires ont dévoilé, jeudi 15 avril, le calendrier électoral qui permettra de sortir de la période ouverte par le coup d’État du 18 août dernier.
Les premiers tours de la présidentielle et des législatives auront lieu le 27 février 2022, et d’éventuels seconds tours respectivement les 13 et 20 mars, a précisé lors d’une conférence de presse le ministre de l’Administration territoriale, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga. Ce double scrutin s’inscrit « dans le cadre strict du respect de la durée de la transition, c’est-à-dire 18 mois », a-t-il souligné.
La présidentielle et les législatives seront précédées le 31 octobre par un référendum qui doit permettre une révision de la Constitution, longtemps promise mais jamais concrétisée.
« Cette date tient compte du temps nécessaire (à partir d’avril) pour mener des consultations, élaborer le projet de Constitution, l’adopter par le Conseil national de transition (CNT, qui fait office de Parlement), et enfin son adoption par référendum », a expliqué Abdoulaye Maïga.
Des élections régionales et locales sont également prévues le 26 décembre, a aussi indiqué le ministre.
Un calendrier électoral attendu depuis des mois
L’annonce d’un calendrier électoral était attendue avec une impatience croissante par la communauté internationale et faisait l’objet de nombreux débats depuis des mois à Bamako, notamment sur la capacité ou la volonté des autorités de transition à les organiser.
Sous la pression notamment des pays d’Afrique de l’Ouest, les colonels qui ont renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta avaient mis en place en septembre-octobre dernier des organes de transition (présidence, Premier ministre et gouvernement, organe législatif) et s’étaient engagés à rendre sous 18 mois le pouvoir à des dirigeants civils élus.
En février, dans son discours de politique générale, le Premier ministre du gouvernement de transition, Moctar Ouane, avait tâché de rassurer : « Tous les moyens seront mis en œuvre pour organiser, dans les délais convenus, des élections libres et transparentes », avait-il affirmé devant le CNT, dirigé par un militaire putschiste.
Les partenaires internationaux du Mali, qui avaient au bout de quelques semaines pris acte du renversement du président Keïta et de la création de ces nouvelles institutions, au nom de la stabilité nécessaire dans un pays miné par la guerre depuis une dizaine d’années, ont récemment remis un coup de pression sur les hommes forts de Bamako.
« Test décisif de la transition actuelle »
Au Conseil de sécurité de l’ONU début avril, les États-Unis ont réclamé un « calendrier définitif confirmant les dates du processus électoral ». « Ces élections représentent le test décisif de la transition actuelle et une étape nécessaire vers le retour du Mali à la règle constitutionnelle », a déclaré lors de la même réunion le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix.
« Nous encourageons les autorités de transition à accélérer les préparatifs en vue des élections de mars 2022 », avait dit l’ambassadrice française adjointe à l’ONU, Nathalie Broadhurst. Paris combat depuis 2013 les jihadistes au Sahel, avec actuellement 5 100 hommes. Ils y bénéficient depuis 2017 du soutien de la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger).
Outre les défis institutionnels, le Mali comme ses voisins nigérien et burkinabè sont pris dans un tourbillon de violences. Des groupes jihadistes – certains affiliés à Al-Qaïda, un autre à l’organisation État islamique – ont essaimé sur le terreau fertile d’une absence de l’État dans les immenses zones rurales, de la corruption et des nombreuses exactions des armées nationales.
Des milices, parfois auto-proclamées d’autodéfense et parfois soutenues par les États, se sont également montées. Dans un rapport publié mardi, une coalition citoyenne d’ONG de la sous-région s’inquiétait que les « premières victimes » de ce conflit étaient les civils. Le nombre de civils tués « n’a jamais été aussi élevé qu’en 2020 », selon ce rapport.
Source: France 24/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée