Une opération pour le dépôt des armes de 8500 combattants vient d’être lancée par le Premier ministre Boubou Cissé. Elle vise à endiguer le « cycle infernal » de violences qui ensanglantent la région et menacent la stabilité du pays.
Quelque 200 combattants ont discrètement rendu leurs armes vendredi 11 octobre dans le centre du Mali, après la cérémonie de lancement d’une opération de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR). « Nous ne voulons pas commencer devant les caméras parce qu’il faut protéger certains qui ont fait faux bond aux extrémistes et qui aident à en arracher d’autres de leurs griffes », a expliqué l’un des responsables.
Cette opération de DDR « spécial centre » est calquée sur celle mise progressivement en place dans le Nord, conformément aux accords de paix négociés à Alger en 2015. Elle concerne les milices d’autodéfense constituées sur des bases ethniques (dogon et peule), régulièrement accusées de massacres de civils, ainsi que d’ex-rebelles du Nord établis dans la région et des jihadistes ayant « discrètement » fait défection indique le responsable.
Son lancement intervient alors que le régime du président Ibrahim Boubacar Keïtaest secoué depuis début octobre par l’un des plus importants revers qu’ait essuyé l’armée malienne en plusieurs années.
Quarante soldats ont été tués le 30 septembre et le 1er octobre quand des jihadistes ont attaqué les camps militaires de Boulkessy et Mondoro (Centre), selon un bilan gouvernemental encore provisoire.
Des « accords de cessation des hostilités » avaient par ailleurs été signés début août, par des groupes armés peuls et dogons lors d’une précédente visite du chef du gouvernement.
« Nous sommes fatigués par cette guerre »
« Il y a 8504 combattants déjà inscrits », a précisé à Zahabi Ould Sidy Mohamed, président de la Commission nationale de l’opération DDR. « L’accumulation d’armes aux mains d’acteurs non étatiques alimente le cycle infernal de violences et de vengeances, ce qui a conduit à des crimes, en même temps qu’elle annihile les efforts de développements et de progrès », a déclaré Boubou Cissé, le Premier ministre malien.
« J’ai environ 700 hommes armés qui vont venir ici dans le camp de Soufroulaye pour déposer les armes et participer au programme DDR. Nous sommes fatigués par cette guerre », a déclaré le chef d’une milice peule, Oumar Aldiana.
Le revers de Boulkessy a conforté le sentiment d’impuissance du pouvoir face à la dégradation de la situation dans un pays en proie depuis 2012 à des insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences interethniques. Il suscite la colère des familles de militaires, dont plusieurs dizaines ont manifesté vendredi devant le camp de l’armée à Sévaré, à 15 km de Mopti.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-exaucée