Les avocats du journaliste marocain Soulaimane Raissouni, condamné en première instance à cinq ans de prison pour « agression sexuelle », ont dénoncé, mardi 15 février, les « failles » du dossier devant la cour d’appel de Casablanca, a constaté l’AFP.
« Le processus judiciaire a été ponctué de failles. Les preuves retenues contre M. Raissouni ne sont pas crédibles », a affirmé son avocate Souad Brahma, en présence du journaliste en détention, lors des plaidoiries de la défense.
M. Raissouni, 49 ans, éditorialiste connu pour son ton critique vis-à-vis des autorités, est accusé d’« agression sexuelle » par un jeune militant LGBTQ. Une accusation qu’il rejette, assurant qu’il est poursuivi « à cause de ses opinions ».
L’enquête a été ouverte à la suite d’une publication sur Facebook dans laquelle le plaignant l’accuse, sous pseudonyme, de l’avoir agressé sexuellement. L’accusation se base également sur une conversation enregistrée et des échanges sur le système de messagerie Messenger.
Mais selon Me Brahma, « l’enregistrement audio et les messages qui l’incrimineraient, et dont la véracité est réfutée par M. Raissouni, ne font pas allusion aux faits qu’on lui reproche ».
Déclarations « contradictoires »
« Pourquoi donc le téléphone du plaignant n’a pas été saisi et expertisé, car c’est sur cet outil que l’audio a été enregistré et que se trouvent les conversations attribuées à M. Raissouni ? », a demandé un autre avocat, Mohamed Messaoudi. En revanche, le téléphone du journaliste « a été expertisé mais aucun élément l’incriminant n’y a été trouvé », a assuré Me Messaoudi.
Accusé par la défense d’avoir fait des déclarations « contradictoires », le militant LGBTQ — qui s’est constitué partie civile — maintient depuis le début du procès qu’il a été victime d’une agression sexuelle.
Pour sa part, le parquet a estimé que les preuves de la culpabilité de M. Raissouni étaient « irréfutables » et a requis la peine maximale de dix ans contre lui.
Arrêté en mai 2020, l’éditorialiste n’avait pas assisté à la plus grande partie de son procès en première instance, entre février et juillet 2021, en raison d’une grève de la faim qui avait duré cent vingt-deux jours.
Pour les autorités marocaines, M. Raissouni a bénéficié d’un procès « équitable » et ces poursuites « n’ont rien à voir avec son travail journalistique ». Le procès reprendra le 21 février.
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée