Jean-Yves Le Drian et son homologue Nasser Bourita ont tenu une conférence de presse conjointe, samedi 8 juin, à l’occasion d’un déplacement du ministre français des Affaires étrangères à Rabat. L’occasion pour chacun de marquer une position commune sur le conflit israélo-palestinien, mais un peu plus nuancée sur la question libyenne.
« Si quelqu’un a vu le plan américain, merci de nous en informer ! », a lancé samedi à Rabat le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à propos du plan américain pour un règlement du conflit israélo-palestinien qui doit être prochainement dévoilé.
« J’en parle d’autant plus aisément que j’ai participé à la rencontre du président Macron avec le président Trump avant-hier », à l’occasion du 75ème anniversaire du Débarquement allié sur les plages de Normandie, a-t-il ajouté au cours d’un point de presse avec son homologue marocain. Le Maroc non plus n’a pas « encore connaissance d’un quelconque plan de paix et se prononcera quand il en aura connaissance des contours, du contenu et des détails », a indiqué Nasser Bourita.
Israël-Palestine : « Pas de solution sans deux États »
La Maison-Blanche a prévu de présenter le volet économique de ce plan de paix les 25 et 26 juin prochains lors d’une réunion à Bahreïn. En préparation de ce rendez-vous, le gendre du président américain, Jared Kushner, s’est déplacé fin mai au Maroc, en Jordanie et en Israël. Cette visite « a été l’occasion pour le Maroc de répéter ses positions bien connues », a indiqué Nasser Bourita.
À PARTIR DE LÀ, S’IL Y A UN PLAN DE PAIX, NOUS LE REGARDERONS AVEC BEAUCOUP D’ATTENTION ET NOUS ÉCHANGERONS SUR LE SUJET
« Nos principes sont identiques : il n’y a pas de solution sans la reconnaissance de deux États vivant en sécurité, l’un et l’autre, et ayant Jérusalem comme capitale, l’un et l’autre », a précisé Jean-Yves Le Drian. « À partir de là, s’il y a un plan de paix, nous le regarderons avec beaucoup d’attention et nous échangerons sur le sujet », a-t-il ajouté.
Les Palestiniens ont rejeté ce plan entouré du plus grand secret sans même le connaître, l’administration américaine s’étant discréditée à leurs yeux quand Washington a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017.
Bourita : « Il y a des acteurs externes en Libye »
Concernant la Libye, le ministre français a plaidé pour « un cessez-le-feu immédiat » pour « permettre la mise en œuvre d’une feuille de route aboutissant à des élections ». « Si on laisse l’instabilité se développer, alors des retours de terroristes peuvent se produire, d’ailleurs on constate depuis quelques temps que l’on voit réapparaître Daesh dans le sud libyen », a-t-il dit, en référence aux jihadistes du groupe État islamique (EI).
Nasser Bourita a pour sa part estimé que « la situation s’est dégradée parce que les différents acteurs n’ont pas suffisamment de volonté et parce qu’il y a des acteurs externes ». « On est à un moment crucial : les Libyens d’abord ont la responsabilité d’être à la hauteur de ce moment, mais également les pays directement impliqués dans la question », a-t-il dit.
Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen, a lancé le 4 avril une offensive en vue de s’emparer de Tripoli, siège du Gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj, le seul reconnu par la communauté internationale. Les combats ont fait plus de 600 morts et 3 200 blessés, poussant à la fuite plus de 80 000 personnes, selon l’ONU.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée