Du 02 au 04 octobre 2019, se tient à Niamey, capitale nigérienne, un sommet sur la limitation constitutionnelle des mandats présidentiels en Afrique. Organisé par le National democratic institute (Ndi), en partenariat avec Open society initiative for West Africa (Osiwa), Africa Forum et la Fondation Koffi Annan, il regroupe plusieurs anciens chefs d’Etats, des constitutionnalistes de renommée mondiale et autres personnalités politiques. La cérémonie d’ouverture s’est tenue sous l’égide du président de la République du Niger et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Amener les dirigeants africains notamment ceux de la sous-région à éviter de modifier la constitution de leur pays pour s’éterniser au pouvoir, c’est l’objectif du sommet sur la limitation constitutionnelle des mandats présidentiels en Afrique. Les anciens présidents Goodluck Jonathan du Nigéria, Nicéphore Soglo du Benin, Amos Sawyer du Libéria, Mahamane Ousmane du Niger et Madame Samba Penza Catherine de la Centrafrique, maiségalement, les anciens présidents du Sao tomé Michel Travoda et du Libéria,Elen JohnsonSirleaf, intervenus par vidéo conférence, sont tous conscients de la détérioration de l’Etat de droit constitutionnel notamment par la modification des limites des mandats présidentiels.Au cours des 3 jours de travaux, les participants échangent donc sur la consolidation de la démocratie à travers le respect de la limitation des mandats présidentiels, le tout sur fond de témoignages d’anciens présidents africains ayant passé librement le témoin après des élections libres, transparentes et indépendantes. Selon les organisateurs, le sommet se veut un signal fort pour dissuader certains présidents de la sous-région qu’il « y a une vie après la présidence ».
Pour la limitation des mandats présidentiels en Afrique
Procédant à l’ouverture de la rencontre, Issoufou Mahamadou s’est voulu incisif sur la question : « les limitations de mandat renforcent à long terme les institutions démocratiques et contribuent à la passation pacifique du pouvoir, et elles garantissent l’exercice, à intervalles réguliers, d’une expression libre du peuple», a insisté le président du Niger. A en croire ses propos, « en Afrique, le débat sur le constitutionnalisme pour la consolidation de la démocratie et le transfert pacifique du pouvoir se concentre surtout sur un point essentiel : celui de la limitation du nombre de mandats ». Le peuple aspire au changement de manière périodique et la limitation de mandats lui offre cette opportunité, a souligné le président en exercice de la Cedeao. Faisant l’Etat de la question en Afrique, Issoufou Mahamadou a précisé qu’« en Afrique, 35 pays limitent les mandats, 12 n’ont aucune limitation, six ont aboli la limitation et deux ont modifié la limitation ». Il se veut cependant rassurant au sujet de son pays : « Nous avons fait de la consolidation des institutions démocratiques, une des huit priorités du programme de renaissance du Niger »,a-t-il indiqué. Il entend donc agir en fonction de cette volonté du peuple nigérien :« Je respecterai scrupuleusement les dispositions de la République du Niger. Je crois à la nécessité de l’alternance démocratique qui permet la respiration démocratique. Mon désir le plus ardent est de passer le pouvoir en 2021 à un successeur démocratiquement élu, ce sera une première dans notre pays depuis son accession à l’indépendance », a conclu le président de la République. Pour l’ancien Président du Bénin et vice-président d’Afrika Forum, la limitation des mandats n’est pas la chose la mieux partagée en Afrique. « Malheureusement dans les Etats de la Cedeao et de l’Union africaine cette thématique suscite encore des soulèvements », se désole Nicéphore Soglo. Il a donc émis le vœu que le sommet soit un lieu d’échange des bonnes pratiques et de réseautage parmi les participants : « Nous espérons et nous voulons que ce sommet ait pour objectif de promouvoir les principes de la gouvernance démocratique et de l’alternance pacifique du pouvoir exécutif tel que stipulé dans les constitutions des différents pays africains », a-t-il déclaré.Le Directeur Afrique du Ndi, a pour sa part adressé ses félicitations au Président Issoufou Mahamadou pour avoir accepté de présider la cérémonie d’ouverture du sommet.« Nous sommes d’autant plus honorés, connaissant combien votre agenda est chargé ces derniers temps, vu votre leadership au sein du G5 Sahel, votre présidence en exercice de la Cedeao, et le siège auquel le Niger vient d’être élu au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies. SEM. Le Président, vous n’avez jamais cessé d’apprécier et de soutenir le travail du Ndiici au Niger comme ailleurs sur le continent, et pour cela nous en sommes très reconnaissants», fera savoir Christopher Fomunyoh. Il se félicite par la même occasion de la nouvelle synergie entre les acteurs et les activistes de la société civile et les leaders politiques, rendue possible par le sommet : « l’une des innovations de ce sommet, c’est le jumelage et la nouvelle synergie que nous voudrions créer entre les acteurs et les activistes de la société civile et les leaders politiques », toute chose qui permet de « créer des plateformes d’échange assez larges pour intégrer tous les acteurs potentiels dans cette démarche de consolidation de la démocratie’’ », laissera-t-il entendre. Dans son intervention, l’Ambassadeur des Usa au Niger a remercié les participants et le Président de la République pour avoir accepté la tenue à Niamey du sommet et aussi pour avoir accepté de présider la cérémonie d’ouverture. L’ambassadeur Eric Whitaker a surtout axé son intervention sur la thématique de la consolidation de la démocratie au Niger, et en Afrique en général.
Au sujet duNdi
Le National democratic institute (Ndi), ou Institut national démocratique des affaires internationales, est une organisation à but non lucratif non partisane qui collabore avec des partenaires de pays en développement pour accroître l’efficacité des institutions démocratiques. Les domaines principaux du programme du Ndi comprennent la participation des citoyens, les élections, les débats, la gouvernance démocratique, la démocratie et la technologie, l’inclusion politique des groupes marginalisés, le genre, les femmes et la démocratie, la paix et la sécurité, les partis politiques et la participation politique des jeunes. La mission déclarée de l’organisation est de « soutenir et renforcer les institutions démocratiques dans le monde entier grâce à la participation des citoyens, à l’ouverture et à la responsabilité du gouvernement». Le Ndia été fondé en 1983, peu après que le Congrès des États-Unis eut créé le National Endowment for democracy (Ned). La création de la NED a été suivie par la création de trois instituts apparentés, le Centre pour l’entreprise privée internationale, l’Institut national démocratique pour les affaires internationales et l’Institut national républicain pour les affaires internationales (renommé plus tard Institut international républicain). Le fonds de dotation sert d’organisation faîtière par laquelle ces trois instituts et un nombre croissant de groupes du secteur privé recevraient des fonds pour mener à bien des programmes à l’étranger. Le Ndi est non partisan et n’exerce pas ses activités aux États-Unis; il ne prend pas position sur les élections américaines, mais il a une affiliation vague avec le parti démocrate et constitue une « organisation coopérante » avec l’Internationale libérale.
Source: Afrika Stratégies France /Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-exaucée