Mis au point par le géant pharmaceutique GSK, le vaccin RTS,S, testé depuis 2019 au Ghana, au Kenya et au Malawi, a fait la preuve de son efficacité.
Avec la pandémie de coronavirus et la déflagration médiatique mondiale qui s’est ensuivie, certains se sont étonnés de la célérité inédite avec laquelle a été trouvé un vaccin contre un virus affectant gravement l’hémisphère Nord.
Mais qu’en était-il du paludisme, maladie signalée dès l’Antiquité et dont l’écrasante majorité des victimes – 400 000 morts environ par an – se situe en Afrique, continent où l’on n’a, à l’inverse, recensé « que » 214 000 décès dus au Covid en dix-huit mois de pandémie ? L’actualité pourrait finalement contredire ceux qui dénoncent un désintérêt des sommités épidémiologiques mondiales.
Forme grave
Produit par le géant pharmaceutique britannique GSK, le RTS,S commence en effet à agir efficacement contre le Plasmodium falciparum transmis par les moustiques, autrement dit contre le parasite le plus mortel à l’échelle mondiale et le plus prévalent en Afrique.
Depuis 2019, au titre de tests, le Ghana, le Kenya et le Malawi ont progressivement introduit 2,3 millions de doses de ce vaccin dans des zones où la transmission du paludisme est de modérée à sévère. Et le RTS,S est le seul produit ayant démontré une efficacité significative contre la malaria. Selon la directrice de la vaccination de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le projet pilote « réduit de 30 % le paludisme sous sa forme grave ».
Il n’en fallait pas plus pour que la directrice Afrique de l’OMS, la docteure Matshidiso Moeti, recommande, début octobre, l’usage massif de ce premier vaccin antipaludique en priorité chez les enfants, les populations à risques se situant, par rapport à celles du Covid, à l’autre extrémité de la pyramide des âges.
Hasard du calendrier ou dynamique concurrentielle, l’Université d’Oxford et le laboratoire allemand BioNTech développent respectivement le Matrix-M antipalu et un vaccin pionnier utilisant la technologie prometteuse de l’ARN.
Pour l’heure, le déploiement massif du RTS,S pourrait se heurter à la sempiternelle problématique du financement. L’Alliance du vaccin (Gavi) a annoncé qu’elle allait examiner cette épineuse question. Qu’elle se hâte : dans le monde, un enfant meurt du paludisme toutes les deux minutes et la maladie est de plus en plus résistante aux traitements curatifs.
Source: Jeune Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée