Une enquête publiée au Niger ce week-end fait des révélations sur l’attribution de permis miniers à des sociétés russes. Hommes d’affaires russes, magnat sénégalais de l’architecture, société offshore : le journaliste nigérien Moussa Aksar, membre de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest, et membre du Consortium international des journalistes d’investigation (à l’origine des « Pandoras Papers »), décrypte ce qu’il qualifie de « manège incestueux ».
Cette enquête, publiée dans le cadre des « Pandora Papers », est le fruit de deux années d’investigations.
« Il y a eu un manque de transparence dans l’attribution de ces permis d’exploration minière, parce que la pyramide a été inversée, nous explique Moussa Aksar, joint par Charlotte Cosset de la rédaction Afrique de RFI. Au lieu que ce soit les services compétents, c’est la présidence qui attribue les permis miniers.
Donc, il y a une collusion entre les sociétés russes et la présidence de la République, que ce soit sous le régime du président Tandja ou sous le régime d’Issoufou Mamadou.
C’est tout ce manège que nous avons voulu expliquer : les sociétés russes qui ont créé des sociétés offshore dans les îles Vierges britanniques… Les Russes ont été financés par la banque russe Gazprom Bank et cette banque a été indexée sur le plan international pour avoir fait du blanchiment et ces deux sociétés ont disparu… On peut se poser la question de savoir s’il n’y a pas eu une affaire de blanchiment d’argent qui a été faite au Niger. »
L’ICIJ, l’organisation qui fait trembler les grands de ce monde
Depuis l’affaire des « Panama Papers », les grandes fortunes et les dirigeants de la planète craignent le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), fondé en 1997 à Washington par le Centre américain pour l’intégrité publique et devenu indépendant en 2017.
Cette organisation à but non lucratif enquête sur les paradis fiscaux et l’évasion fiscale, mais aussi sur des affaires sanitaires, sociales ou économiques à grande échelle. Parmi les quelque 200 membres du consortium issus de 70 pays, essentiellement des journalistes (150 médias partenaires), figurent une dizaine de Français (dont Le Monde, Radio France et l’équipe de Cash Investigation).
Hormis le scandale des « Panama Papers » (avril 2016), l’ICIJ a révélé dans ses enquêtes de nombreuses autres affaires dont les « Paradise Papers » (en 2017, sur les activités offshore de personnalités et de multinationales), les Implant Files (2018, sur les prothèses et implants médicaux) mais aussi les China Cables (2019, sur la politique répressive de Pékin envers les Ouïghours).
Source : RFI Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée