Le ministre français des Forces armées a appelé lundi à une enquête après un rapport selon lequel des services secrets français destinés à traquer des militants djihadistes avaient été détournés par l’Egypte pour cibler des contrebandiers à la frontière libyenne et tuer des civils.
Le site d’investigation Disclose, qui a déjà fait état d’autres transactions confidentielles entre Paris et Le Caire, a publié des dizaines de documents classifiés qui, selon lui, montraient l’utilisation abusive des renseignements fournis à l’Égypte par une équipe secrète de quatre soldats français et six anciens militaires.
L’équipe a été envoyée en Égypte dans le cadre d’une mission portant le nom de code Opération Sirli en 2016, a rapporté Disclose. À l’époque, l’armée française effectuait des vols de surveillance au-dessus de la Libye, où des combattants de l’État islamique étaient actifs et la France craignait que leur influence ne s’étende.
Disclose a déclaré qu’au moins 19 attentats à la bombe contre des civils ont eu lieu entre 2016 et 2018, liés aux renseignements français fournis au Caire. Les documents publiés lundi comprenaient de prétendus messages de personnes impliquées sur le terrain alertant leurs supérieurs que leurs informations étaient utilisées à mauvais escient.
Reuters n’a pas pu vérifier les documents de manière indépendante, bien que le ministère français des Forces armées n’ait pas contesté leur véracité.
« L’Egypte est un partenaire de la France avec laquelle – comme de nombreux autres pays – nous entretenons des relations dans le domaine du renseignement et de la lutte contre le terrorisme », a indiqué le ministère dans un communiqué, précisant qu’il ne ferait aucun commentaire sur la nature de la coopération. -opération.
« Par ailleurs, le ministre des Armées a demandé qu’une enquête soit ouverte sur les informations diffusées par Disclose », a-t-il précisé. Il n’a pas précisé qui mènerait l’enquête, ni si elle visait à enquêter sur les fuites elles-mêmes ou sur l’utilisation abusive des renseignements qu’ils ont décrite.
Les responsables du gouvernement égyptien n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires. Le cabinet du président français Emmanuel Macron et le ministère français des Affaires étrangères ont tous deux transmis les requêtes au ministère des Armées.
Selon Disclose, l’équipe de renseignement française était accompagnée d’un officier égyptien chargé d’écouter les conversations en direct. Disclose a déclaré que l’équipe française s’est rapidement rendu compte que la menace terroriste était minime et que ses informations étaient plutôt utilisées pour cibler des personnes faisant de la contrebande d’articles, des cigarettes et de la nourriture aux armes à feu et à la drogue.
Une note confidentielle publiée le 22 janvier 2019 adressée à la ministre des Armées Florence Parly avant une visite en Egypte de Macron, indiquait qu’il y avait « des cas avérés de destruction de cibles détectées par des avions français » et qu’il était important de rappeler à l’Egypte que la reconnaissance les avions n’étaient pas un outil de ciblage.
Source: Reuters Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée