Post-Covid : en Afrique, les Égyptiens sont particulièrement confiants pour leur économie

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Pays le plus mortellement touché par le coronavirus et deuxième pays le plus contaminé d’Afrique, l’Egypte a également subi de plein fouet le revers économique de la pandémie. Un sondage révèle cependant l’optimisme des Égyptiens pour l’économie dans les mois à venir. Une perception fondée notamment sur la stratégie du gouvernement face aux difficultés des secteurs clés et des entreprises.

L’exception égyptienne en matière de prospective économique est rapidement remarquable dans le tout premier sondage menée à l’échelle continentale sur la perception de la pandémie. 44% des Égyptiens pensent que leur économie s’améliorera dans les mois à venir, tandis que 28% penchent pour une dégradation et 28% s’attendent au statu quo, indique le rapport récemment publié par le cabinet Deloitte, l’institut de sondage OpinionWay et l’agence conseil 35°Nord et intitulé « Les opinions publiques africaines face à la crise du Covid-19 ».

« L’activisme et l’engagement des pouvoirs publics rassurent »

Cet optimisme égyptien ne s’observe pas du tout dans les autres pays couverts par ce sondage. Ils sont 82% en Ethiopie à s’attendre à une dégradation de l’économie, 65% au Maroc, 63% en Côte d’Ivoire, 62% au Nigeria et en Afrique du Sud, 61% en République démocratique du Congo (RDC) et 60% en Algérie. « Avant que la pandémie n’éclate, l’Égypte avait de bonnes prévisions de croissance, se situant au-delà des 5 %, grâce à d’importantes réformes structurelles menées pour stabiliser l’économie depuis 2016 et le boom du secteur de la construction. Depuis plusieurs années, l’Égypte fait également partie des pays africains les plus attractifs en termes d’IDE », commente pour La Tribune Afrique Brice Chasles, Managing Partner Afrique francophone chez Deloitte.

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L’Egypte est pourtant le pays d’Afrique le plus mortellement touché par la pandémie avec plus de 1 200 morts ce lundi et le deuxième pays le plus contaminé après l’Afrique du Sud, avec plus de 34 000 cas, comptant toutefois plus de 8 900 guérisons. Le rapatriement de ses ressortissants bloqués à l’étranger depuis des mois se poursuit, poussant quotidiennement vers le haut la barre des cas testés positifs. Une situation qui, comme partout ailleurs dans le monde, porte un sérieux coup à l’économie, mais que de nombreux Égyptiens estiment gérables, selon le sondage. « Même si le pays est aujourd’hui fortement touché par la pandémiele gouvernement égyptien a annoncé début avril un plan de 6,3 milliards de dollars pour soutenir l’économie et a bénéficié rapidement de l’appui des bailleurs internationaux comme la Banque mondiale et le FMI », analyse Brice Chasles. « L’activisme et l’engagement des pouvoirs publics, ajoute-t-il, ont donc probablement contribué à rassurer les Égyptiens sur les conséquences économiques de la crise ».

Les entreprises égyptiennes, notamment celles opérant dans le commerce international et le tourisme, ont été les premières du continent à signifier leur inquiétude pour leur business dès les premiers signaux de la pandémie sur le continent. Et très rapidement, les activités ont été paralysées au gré de l’évolution de la Covid-19 dans le monde. Outre le plan de riposte nationale, le gouvernement a pris plusieurs mesures pour amortir le choc économique dont un confinement souple, permettant aux commerces et industries de fonctionner pendant la journée, le déblocage de 100 milliards de livres (soit plus de 6 milliards de dollars), sous formes de prêts de garantie au bénéfice des entreprises…

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Infrastructures et chaines d’approvisionnement, ces leviers stratégiques

Certes la pandémie place l’Egypte face à de nombreux défis économiques -d’autant que celle-ci est survenue au moment où le pays sortait peu à peu la tête de l’eau-, mais Ahmed Galal Ismail, CEO de Majid Al Futtaim Properties, estime que le pays dispose d’atouts pour rapidement rebondir, grâce justement aux réformes menées avant la crise. Dans une analyse publiée par le World Economic Forum, ce patron égyptien basé à Dubaï identifie trois pistes clés pour un rebond rapide post-Covid de l’Egypte : le pari sur l’investissement pointu dans les infrastructures pour étendre les réseaux de transports, moderniser les réseaux électriques et améliorer notamment l’approvisionnement en eau à travers le pays ; le rééquilibrage et le renouvellement des systèmes de chaines d’approvisionnement dont les limites se sont rendues évidentes par la pandémie ; le pari sur l’externalisation de processus d’affaires en Egypte pour tirer parti de la « main-d’œuvre jeune, technologiquement avertie et bien éduquée ».

De son côté, le gouvernement -qui bénéficie de la confiance de 75% de la population pour résoudre cette crise selon le sondage de Deloitte, OpinionWay et 35°Nord- poursuit la mobilisation de fonds pour sa riposte économique et son soutien aux entreprises. Vendredi dernier, le ministre des Finances a annoncé la conclusion d’un accord avec le FMI pour une ligne de crédit de 5,2 milliards de dollars. Cette enveloppe s’ajoute aux 2,7 milliards de dollars d’aide financière d’urgence déjà pourvus par l’institution et les récents 50 millions de dollars de la Banque mondiale. Et ce, sans parler des financements mobilisés par les banques locales auprès d’autres institutions comme la banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)

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Source: La Tribune Afrique/Mis en : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

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