Alors que la pandémie s’accélère sur le continent, les étudiants africains se sont mis aux cours en ligne, une alternative qui relève d’un challenge.
Selon les derniers chiffres du centre de contrôle et de prévention des maladies de l’Union africaine (CDC), le continent a enregistré plus de 305.000 cas positifs. L’arrivée de la pandémie en Afrique a conduit aussi à la fermeture des établissements publics et privés. Selon les estimations des experts, 100 millions d’étudiants ont brutalement interrompu leur cursus. Beaucoup de gouvernements ont suspendu les cours pour lutter contre le virus, a constaté l’Unesco.
Ecoliers, élèves et étudiants sont ainsi restés à la maison pendant plusieurs mois, avant une réouverture partielle dans certains pays.
Insuffisance d’outils numériques
Cette reprise s’est faite grâce au recours à l’enseignement en ligne. Mais pour de nombreux jeunes en Afrique subsaharienne, l’alternative a vite montré ses limites. La faute au manque d’ordinateurs et à l’accès à un internet performant.
Les parents d’Annet Karabo, étudiante ougandaise en sciences sociales ont dû vendre une partie de leur récolte pour lui acheter un téléphone portable. « Le gouvernement a arrêté les cours et nous n’avons même pas été remboursés », ajoute-t-elle.
Kholofelo Mohale, habitant une modeste maison du township pauvre d’Alexandra en Afrique du sud, a dû se résoudre à travailler la nuit pour être tranquille et disposer d’un débit minimal sur le web. « J’espère ne pas avoir perdu deux mois, je dois absolument rattraper le temps perdu », fait savoir cette étudiante en faculté de sciences économiques.
La remise des diplômes aux apprenants est ajournée dans certains pays
Floriane Wiltord, étudiante en brevet de technicien supérieur (BTS) en journalisme à Douala, au Cameroun, reproche à son université privée de ne pas avoir tenu ses promesses :
« Notre établissement a assuré que des cours en ligne allaient être faits. Mais cela se faisait rarement. Ce n’était même pas du télé-enseignement : dans notre cas, on nous a mis en ligne des cours qui nous avaient déjà été dispensés avant la fermeture. »
Le constat est le même á l’université de N’Djamena où l’étudiant Moussa Nestor déplore qu’ « aucune disposition n’a été prise pour nous permettre de suivre les cours, ne serait-ce qu’à distance ». Il confie jouer au scrabble avec ses amis pour faire passer le temps.
Reconversion ponctuelle ?
L’organisation mondiale de la santé (OMS) constate que la pandémie s’accélère en Afrique. Pourtant la plupart des pays sont allés vers le déconfinement. Amadou Kouyaté, un étudiant guinéen en journalisme à l’université de Dakar, a vu ses cours théoriques basculer en ligne mais l’enseignement de terrain a été suspendu. Pour ne pas perdre son temps, il est devenu, grâce à son scooter, livreur de plats pour un restaurant. « J’ai pu en profiter pas mal », évalue-t-il.
Comme Amadou, Ramadji Nestor, originaire du sud du Tchad a trouvé une activité pour gagner un peu d’argent. Il garde les motos des clients d’une banque. Cet étudiant de 25 ans affirme que « depuis la fermeture de l’université, je me livre à des petites activités pour subvenir à mes besoins. Chacun se débrouille pour maintenir son niveau ». Le matin, il se consacre á ses activités génératrices de revenus avant de réviser ses cours le soir.
Selon Charles Kabwete, professeur de sciences politiques à l’université du Rwanda, « remettre tout le monde à niveau sera difficile, particulièrement les étudiants les plus modestes ».
Source: Deutsche Welle Afrique/ Mis en : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée